Deux fois moins cher, beaucoup, beaucoup moins polluant : le GPL a tout pour plaire. Pourtant, en France, ce carburant a systématiquement été écarté au profit du diesel. Voici pourquoi.
En plein brouillard de particules fines, Joël Pedessac, le directeur général du Comité français du butane et du propane (CFBP) qui assure la promotion des véhicules fonctionnant au GPL (gaz de pétrole liquéfié) en a gros sur la patate : "On se plaint à juste titre des poussières émises par le diesel, mais alors pourquoi personne ne vient rappeler qu’il existe un carburant qui n’en émet pas et qui coute nettement moins cher à la pompe que le gazole et l’essence !".
Moins cher, mais de combien ? Quasiment deux fois moins ! Problème : on trouve une pompe GPL dans seulement une station service sur sept …. le GPL, nettement moins taxé, est pourtant ultra-compétitif, avec un prix moyen à la pompe de 0,86 euro le litre contre... 1,52 euro pour le Super 95 et 1,34 pour le gazole.
Et le GPL crache moins de CO2, mais aussi 96% en moins de NOx (monoxyde et dioxyde d'azote) et... zéro particules. Du coup, en Italie, en Pologne, en Corée du Sud ou en Turquie, les véhicules roulant au GPL représentent entre 5% et 40% du parc. En France ? Les véhicules GPL ne sont pas soumises a restriction de circulation en cas de pollutions. C'est dire.
Le GPL en France : un destin tragique
L’avenir du GPL pourrait donc sembler donc radieux ? Non : il est à ce jour tragique. Les ventes annuelles se sont effondrées de 75 000 par an à 3 000 quand fin 2010 la prime de 2000 euros est supprimée.
Faute du moindre geste de soutien, même symbolique, des pouvoirs publics, c’est la spirale infernale : le nombre de stations services équipées au GPL ne dépasse plus aujourd’hui 1750 contre 3000 en Italie. Et aucun constructeur français ne fabrique d’autos hybride GPL-Electrique aux performances pourtant particulièrement bluffantes : 5 euros les 100 kms pour une Hyundai !
Du coup la demande s’est effondrée même si elle remonte un peu en 2013 et le nombre de stations service dotée d’une pompe GPL a baissé. Que les paranos qui reniflent un complot des pétroliers se calment : ce sont généralement des pétroliers qui produisent le GPL !
Joël Pedessac n’a pas le moral : "C’est tout de même idiot, dit-il, de se priver de cet outil quand on promeut à la fois la transition énergétique, la qualité de l’air et de réformes écolos qui ne pénalisent pas le portefeuille".
Les explosions ? Du passé. Et les moteurs GPL ont une durée de vie plus longue
Idiot : Le mot est faible. Sachez qu’il n’existe pas de restriction pour mettre sa voiture GPL dans les parkings souterrains et que les explosions de jadis appartiennent à l’histoire...
Mieux encore : les moteurs fonctionnant au GPL ont une durée de vie plus longue du fait de l’absence de suie générée à la combustion gazole. La meilleure preuve c’est que la marché d’occasion des véhicules GPL est florissant.
Alors pourquoi n’avoir pas encouragé de manière persistante le GPL qui est à la fois moins cher à la pompe et moins polluant ? Au ministère de l’écologie, on ne sait pas trop quoi répondre même si certains soulignent que l’avantage CO2 avec le diesel est très discutable et que le réglage des moteurs GPL sont difficiles rendant assez théoriques les calculs comparatifs.
La vérité de fond, c’est que comme les constructeurs français avaient choisi le diesel, ce fut souvent la solution réflexe la plus abordable pour les marchés collectifs et publics.
La RATP a privilégié des bus roulant au diesel plutôt qu'au GPL...
La meilleure illustration, c’est la politique de la RATP qui, jusqu’à 2013, a privilégié ultra majoritairement le diesel et a le plus grand mal à réduire cette dépendance. Qu’importe que le bus roula au Diesel du moment que c’était un moyen de transport collectif ! Et puis à quoi bon mettre sur pied des centres de maintenance RATP pour le GPL puisque de toute façon l’électrique allait bientôt prendre le relai ?
L’ennui, c’est que l’électrique n’a d’avenir immédiat que pour les flottes d’entreprises ou à rayon d’action prévisible et limité. Les véhicules de Mr Tout-le-monde qui ont besoin d’autonomie mais aussi les bus, les cars et les poids lourds n’ont pas un avenir électrique proche. Faute de ne pas avoir pensé et préparé cette longue soudure entre le carburant hydrocarbure et l’électrique ou le moteur à hydrogène, les options transition GPL et GNV (Gaz Naturel Véhicule ) ont donc été marginalisées.
Dans cette affaire comme dans beaucoup d’autres, la France est adepte du tout ou rien. L’ennui avec le tout diesel ? Un gros nuage de particules assuré dès qu’un anticyclone plaque l’air au sol. Ce qu’on était supposé gagner en émissions CO2 avec le diesel contre le réchauffement du climat, on le perd avec un surcroît de poussières fines. Hautement toxiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire