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19 nov. 2013

Qatar: Amnesty International dénonce le cauchemar des travailleurs migrants

Salaires non versés, logements insalubres, liberté de circulation bafouée, humiliations... L'organisation Amnesty International pointe dans un rapport les insoutenables conditions de travail des migrants employés au Qatar.

«Si je ne devais demander qu'une chose ? Qu'on nous traite comme des êtres humains.» Ces mots d'une migrante venue au Qatar pour travailler comme employée de maison fait partie des nombreux témoignages recueillis par Amnesty International en octobre 2012 et mars 2013 pour les besoins d'un rapport. Dans ce document, rendu public dimanche 17 novembre, l'organisation dénonce les abus d'employeurs qataris qui, dans bien des cas, «peuvent être assimilés à du travail forcé et à la traite d'êtres humains.»

Petit émirat du golfe Persique tirant le principal de ses richesses de la manne pétrolière et gazifière, le Qatar compte près de 1,35 million de travailleurs étrangers, soit 94 % de sa main d'œuvre totale. Une force de travail que la législation en vigueur dans le pays peine à protéger, quand elle ne favorise pas son exploitation.

Des employés dépendants de leur employeur

Dans son rapport, l'ONG pointe la loi sur le parrainage qui oblige tout travailleur étranger à se faire patronner par une entreprise ou un particulier qui lui délivre visas d'entrée et de sortie selon son bon vouloir. Résultat, «les employeurs peuvent empêcher leurs employés de changer de travail ou de quitter et annuler leur permis de séjour», écrit Amnesty International.
Aussi l'organisation raconte-t-elle le sort réservé à des ouvriers du bâtiment dont l'entreprise a suspendu, à la mi-2012, le versement des salaires. Après plusieurs mois de travail non rémunérés, ces migrants indiens, népalais et sri-lankais ont souhaité retourner dans leur pays mais sont restés bloqués au Qatar plusieurs mois faute d'avoir obtenu un billet de sortie de la part de leur employeur. «Début 2013, 30 à 40 [de ces] ouvriers ont pu rentrer chez eux. La plupart ont dû payer des amendes et dû s'acquitter du coût du billet», rapporte l'organisation.
Pays hôte de la Coupe du monde de football de 2022, le Qatar connaît une explosion du secteur de la construction. Selon Amnesty International, en 2010, quelque 2 500 entreprises du secteur du bâtiment étaient recensées dans l'émirat, employant plus d'un demi-million de migrants. Une grande partie d'entre eux sont hébergés dans des conditions contrevenant le cadre législatif fixé par les autorités qataries. «La suroccupation des logements est monnaie courante et il n'est pas rare que les travailleurs dorment à 10 ou 15 dans une petite pièce. L'absence de climatisation ou le mauvais fonctionnement de celle-ci pose également des risques majeurs dans un pays où les températures peuvent atteindre 45º C», signale l'enquête de l'ONG.

Fausses promesses de salaires

Outre les ouvriers du bâtiment, les employés de maison constituent la catégorie des travailleurs immigrants la plus vulnérable. Échappant aux protections prévues par le Code du travail, les 130 000 étrangers, dont 80 000 femmes, évoluant dans le secteur des travaux ménagers sont, pour plusieurs d'entre eux, soumis à des conditions de travail particulièrement éprouvantes. Venues au Qatar sur la promesse d'un salaire convenable, de nombreuses migrantes se voient imposer des journées de travail dépassant les huit heures annoncées dans les contrats.
Amnesty International évoque le cas d'une jeune Africaine qui, avant de quitter son pays, s'était vu promettre une rémunération mensuelle de 800 riyals (près de 160 euros) et des congés. «Or, à son arrivée, son employeuse lui a dit qu'elle ne toucherait que 730 riyals (environ 145 euros) par mois et qu'elle n'avait pas de jours de repos, peut-on lire dans le rapport. Elle n'a été autorisée à quitter la maison que deux fois entre août 2012 et mars 2013 pour se rendre à l'église.»

Brimades et humiliations déshumanisantes

Beaucoup de migrantes rencontrées par l'ONG affirment ainsi être victimes de brimades etd'humiliations déshumanisantes, telle cette Philippine de 24 ans dont le téléphone portable et la carte d'identité ont été confisqués par l'employeur. La jeune femme "s'est vu interdire de communiquer avec les autres femmes de ménage et d'adresser la parole à quiconque lorsqu'elle accompagnait son employeur en dehors de la maison, détaille l'organisation. Elle n'était autorisée à appeler sa mère qu'une vingtaine de minutes tous les 15 jours."
La plupart des employées qui font l'objet de châtiments corporels n'osent pas signaler leur cas aux forces de l'ordre de peur de représailles. Certaines femmes ont même été accusées de «relations illicites» par les autorités locales après qu'elles leur eurent confié avoir subi des violences sexuelles. En vertu de la loi sur le parrainage, les employées qui quittent le foyer de leur employeur sans sa permission sont considérées comme des «fugueuses» par les pouvoirs publics.
Plusieurs fois alertés sur ces violations des droits humains, les ministères qataris du Travail et de l'Intérieur se sont engagés à davantage œuvrer pour la protection des migrants. Mais, déplore Amnesty International, aucune législation allant dans ce sens n'a encore été adoptée.

Source : France 24

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