Des frères au Front ? La question peut paraître incongrue. La détestation des réseaux d'influence maçonniques était, à l'époque de Jean-Marie Le Pen, une tradition. Cette hostilité était réciproque.
Lors du deuxième tour de la présidentielle en 2002, la plupart des obédiences - Grand Orient de France (GODF) en tête - ont appelé à voter contre Jean-Marie Le Pen.
Le règlement intérieur du GODF, principale obédience française, classé à gauche, interdit l'appartenance d'un frère à une «association appelant à la discrimination, la haine ou la violence». Une manière indirecte de proscrire tout lien avec l'extrême droite.
«Nous filtrons ainsi les impétrants et pouvons aussi radier des frères en nous appuyant sur nos règles internes», précise Daniel Keller, le tout nouveau grand maître, soucieux d'éviter d'«éventuelles tentatives d'intrusion».
Présent lors de colloques d'Idées Nation, le think tank du FN, l'avocat Valéry Le Douguet, initié au GODF, s'est pris une volée de bois vert de son obédience. Au terme d'une procédure interne en 2011, son adhésion a été annulée. «Je ne suis pas au FN ! Les frères prônent la tolérance, mais, visiblement, ils ne l'appliquent pas en leur sein», s'offusque Valéry Le Douguet, membre de l'UMP et défenseur de longue date de Jany Le Pen, épouse de Jean-Marie.
Mais la dédiabolisation du FN entamée par Marine Le Pen a eu des effets dans les loges.
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