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7 juin 2013

Salaires des patrons: l'effet pervers de la transparence

En 10 ans, la rémunération d'Henri de Castries, PDG d'Axa, a fait un bond de 129%.
REUTERS/Benoit Tessier



La divulgation des salaires des grands chefs d'entreprises a des conséquences inattendues: les rémunérations des patrons ont eu tendance à grimper depuis qu'ils ont pu les comparer.

Ils devaient enfin se mettre à nu, exposer leurs bedonnants bonus, sortir du placard leurs retraites chapeaux, exposer leurs attrayantes stock-options. C'était le 15 mai 2001. La loi NRE (nouvelles régulations économiques) venait de passer, faisant obligation aux grands patrons de révéler toutes leurs rémunérations.

Finies, les cachotteries : les petits actionnaires et la presse allaient pouvoir pointer les abus et contraindre les principaux intéressés à plus de mesure. Aujourd'hui, douze ans plus tard, les excès font régulièrement l'actualité. Mais surtout, les rémunérations montent en flèche depuis le vote de la loi, malgré une légère décrue depuis deux ans.
Dix ans de clarté... et d'excès
NomSociétéRémunération perçue en 2002 (1)Rémunération perçue en 2012 (1)VariationHenri de Castries Axa 1 329 146 euros 3 049 761 euros 129 %
Benoît Potier (2) Air liquide 1 296 000 euros 2 743 000 euros 112 %
Pierre Pringuet (2)(3) Pernod-Ricard 1 412 140 euros 2 696 873 euros 91 %
Paul Hermelin (4) Capgemini 1 218 350 euros 2 187 600 euros 80 %
Franck Riboud (2) Danone 2 400 000 euros 3 658 170 euros 52 %
Gérard Mestrallet GDF Suez 2 270 602 euros 3 088 977 euros 36 %
Bernard Arnault LVMH 3 387 043 euros 3 519 516 euros 4 %
Baudouin Prot (5) BNP Paribas 1 373 748 euros 1 418 681 euros 3 %
Martin Bouygues Bouygues 2 432 999 euros 2 404 970 euros - 1 %
Moyenne 1 531 127 euros 2 867 081 euros 87 %


(1) Salaire fixe et bonus, hors stock-options et actions gratuites. (2) Rémunération au titre de 2002 et de 2012. (3) Promu seul directeur général en 2008. (4) Nommé directeur général le 24 juillet 2002, rémunération en 2003. (5) Directeur général délégué en 2002.

Les neuf patrons du CAC 40 aux manettes depuis 2002 et toujours en poste ont vu leurs rémunérations (salaire fixe et bonus) s'apprécier de 87 % en moyenne, soit, hors inflation, une hausse de 68 %. Au cours de la décennie écoulée, trois d'entre eux parviennent même à doubler leurs émoluments : le président d'Axa, Henri de Castries, ses homologues d'Air liquide, Benoît Potier, et de Pernod-Ricard, Pierre Pringuet, promu grand patron en milieu de parcours. "Au-delà des montants stricto sensu, la transparence devait amener les rémunérations des patrons à se caler sur leurs performances.
68%

c'est la hausse hors inflation des rémunérations des neuf patrons du CAC 40 en poste entre 2002 et aujourd'hui.

Or les études notent plutôt une absence de corrélation entre les résultats et la paie", s'étonne Frédéric Palomino, chercheur à l'Edhec. En effet, dans ce petit échantillon de vieux patrons du CAC 40, les bons résultats ne se traduisent pas forcément en augmentation. Bernard Arnault, à la tête de LVMH, reste calé à 3,5 millions d'euros, mais son titre quintuple en Bourse, et son bénéfice flambe. A l'inverse, le patron de Capgemini, Paul Hermelin, se retrouve avec une rallonge de 80 % entre 2002 et 2012, alors que son cours de Bourse sur la période s'effondre de 62 %.
Une mécanique d'appréciation salariale

Comment expliquer les effets pervers et inflationnistes de la transparence ? "Par le jeu des comparaisons faites à partir de grilles très précises élaborées par des cabinets de consultants. Les patrons les plus performants veulent figurer dans le haut du panier et se rapprocher des standards américains. Les autres ne veulent pas figurer au-dessous de la rémunération moyenne de leurs pairs. Ce serait vécu comme un affront fait au dirigeant par le comité des rémunérations, l'organe du conseil d'administration chargé de proposer les fixes et les bonus", explique Pierre-Henri Leroy, patron de Proxinvest, cabinet de défense des actionnaires minoritaires. Cette mécanique d'appréciation salariale porte d'ailleurs le joli nom d'"échelle de perroquet", dont on gravit les barreaux au vu et au su de tous.

source : http://lexpansion.lexpress.fr

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