Ma prison va craquer

Surpopulation record, trafic, agressions en hausse… Les surveillants pénitentiaires, qui n’ont pas le droit de grève, tirent de nouveau la sonnette d’alarme, après avoir déjà bloqué des prisons le 18 juin et dénoncé la « déroute » carcérale.

Soutenus par FO pénitentiaire, le Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS et le Syndicat libre justice (SLJ CFTC), les gardiens de prison étaient rassemblés lundi matin devant des préfectures pour revendiquer un changement dans la politique carcérale.

Le personnel pénitencier demande notamment l’abrogation l’article 57 de la loi pénitentiaire de 2009, qui interdit les fouilles à nu systématiques – jugées « dégradantes » par de nombreuses organisations pour les droits de l’homme.

« TROIS FOIS PLUS D’AGRESSIONS QUE L’AN DERNIER »

« Cette forte mobilisation permet aux différentes délégations d’être reçues par les préfets afin de remettre la lettre ouverte adressée au président de la République », se sont félicités les trois syndicats dans un communiqué. L’enjeu est de taille pour les organisations syndicales qui déplorent dans certaines prisons « trois fois plus d’agressions que l’an dernier », comme à Villepinte en Seine-Saint-Denis. Cette maison d’arrêt où les détenus purgent des petites peines accueille 950 détenus pour 588 places, insiste Blaise Gombazo de CFTC pénitentiaires.

« Nous avons voulu dire aux préfets que la politique menée par Christiane Taubira (ministre de la Justice, ndlr) au niveau de l’administration pénitentiaire ne nous convient pas du tout » explique Emmanuel Gauthrin, secrétaire général de FO pénitentiaire. L’Ufap dénonce le « démantèlement de [la] sécurité » des prisons de concert avec FO-pénitentiaire, pour qui « Mme Taubira a profité d’un événement dramatique comme l’évasion de Redoine Faïd (de la prison de Lille-Sequedin le 13 avril, ndlr) pour abaisser la sécurité dans les prisons ». 

Selon les organisations syndicales, 4000 des 25000 agents auraient participé au mouvement organisé le 18 juin pour exprimer leur « ras-le-bol ».

« UN PLAN DE SÉCURISATION EXCEPTIONNEL, MAIS QUI N’A D’EXCEPTIONNEL QUE LE NOM »

Christiane Taubira a annoncé début juin un plan de renforcement de la sécurité, estimé à plus de 33 millions d’euros. « Rien n’est prévu pour le quotidien des personnels, le manque d’effectifs et la surpopulation carcérale » affirme Pascal Schreck, secrétaire régional adjoint de l’Ufap en Franche-Comté. Or 67 977 personnes sont détenues en France selon les récents chiffres publiés par l'administration pénitentiaire : un triste record. Le plan de Christiane Taubira devra concilier les impératifs de sécurité, réclamé par les syndicats, et l’humanisation du monde carcéral, qu’elle prône. Comme le montrent les images interdites de Fresnes , la réalité des prisons qui reste inconnue du grand public est désastreuse. Un gigantesque chantier attend la Garde des Sceaux. 

source : marianne.net