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9 juin 2013

Espagne : la télé à l'heure de la crise

Cifras y letras, février 2012 - capture d'écran de l'émission
En Espagne la crise paraît s’éterniser. Désormais c’est même au tour de la télévision d’être touchée. Une émission populaire vient de mourir, faute d’argent, mais une autre apparaît en s’inspirant… de la crise.

Plus d’argent : le quotidien El Pais a révélé jeudi 16 mai que la version espagnole « Des chiffres et des lettres » n’avait pas versé à ses vainqueurs les gains qu’ils avaient remporté au jeu depuis juin 2011. Des sommes qui iraient de 400 à 8000 euros. C’est l’un des participants, Pablo Cuevo, qui a décidé de rendre publique l’information. 

L’émission a pourtant continué d’être diffusée pendant des mois avant que le programme ne cesse ou que certaines chaînes n’émettent que des rediffusions. Un scandale dans la paysage audioviosuel espagnol. D’autant que « Des chiffres et des lettres », dans sa version ibérique,lancée en 1991, est un rendez-vous particulièrement apprécié.

Mais voilà, crise oblige, la société de production a été contrainte de déposer le bilan il y a trois semaines. L’avocat responsable du dossier expliquait d’ailleurs : « Si les chaînes ne payent pas la production, celle-ci ne peut pas non plus payer les participants.» Désormais, il n’y a plus rien à faire d’autre que de « liquider les actions de la société et les répartir entre les créanciers. » 

Les gagnants se sont rassemblés sur Internet pour tenter de regrouper leurs demandes. Pas sûr qu’on y réponde avant un long moment. La production et les chaînes restent muettes. Et, de toute façon, aucune réclamation ne pourra être faite tant que le dépôt de bilan ne sera pas conclu. C’est la crise, même à la télévision.

Ou presque. Un programme a disparu mais un autre émerge et son credo, c’est la crise justement. Chaque dimanche soir, ce sont plus de quatre millions de téléspectateurs qui se passionnent pour une émission qui repose sur ce principe : comprendre comment le pays a plongé dans une situation économique aussi catastrophique. 

« Salvados » (sauvés) cartonne et cumule 15% de parts de marché. Surtout, elle parvient à cristalliser l’indignation d’une société désenchantée, étouffée par la récession.


Salvados, capture d'écran d'un teaser, février 2013
C’est un journaliste, Jordi Evole Requena, qui est à l’origine de ce nouveau succès de télé qu’il produit et qu’il anime. 

Les problématiques abordées sont simples mais percutantes (les scandales judiciaires à répétition, la corruption, les réductions budgétaires, la mise en cause des pouvoirs locaux, de la monarchie…). 

Des hommes politiques, des experts, parfois même des citoyens lambda sont invités à en débattre. Le tout sur fond d’enquête et d’investigation. 

« L’Espagne traverse une période de doutes et s’interroge sur ses institutions. Nous faisons partie de cette Espagne là. Nous avons créé ce programme pour savoir ce qu’il s’y passe. » explique Jordi Evole à Reuters. 

L’émission, qui est diffusée sur la Sexta, une petite chaîne plutôt de gauche, vient d’être rachetée par Antena 3, une des institutions généralistes de la télévision espagnole. Portée par le succès, « Salvados » finance aujourd’hui des reportages à l’étranger, l’Islande ou encore l’Allemagne… Des pays, pour le moment, épargnés par la crise.


source : marianne.net

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