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7 janv. 2013

L’incroyable cafouillage du 14 mars

S’il faut retenir un élément de cette étrange année 2012, c’est bien le cafouillage du 14 mars. Ce camp a en effet prouvé tout au long de l’année écoulée son absence d’engagement national et son amateurisme en matière de politique locale, régionale et internationale. Depuis la chute du gouvernement présidé par cheikh Saad Hariri, ce camp a pour obsession, sans doute légitime de revenir au pouvoir. Mais là où il s’est complètement trompé c’est dans son évaluation de la situation interne, régionale et internationale et de son importance sur l’échiquier des nations. 

Il a donc commencé par mobiliser ses «parrains» régionaux et internationaux sous prétexte que le gouvernement Mikati a été formé à la suite d’un coup d’Etat réalisé par le Hezbollah. Mais très vite, ces parrains (l’Arabie saoudite exceptées) ont décidé de juger le gouvernement Mikati sur ses actes et ceux-ci ont été globalement estimés satisfaisants en tout cas garantissant un minimum de stabilité pour le Liban. Le camp du 14 mars n’a pas compris cette réalité et il a essayé d’utiliser tous les clivages internes et les événements externes, tout en mobilisant son lobby financier pour détruire l’économie du Liban, croyant ainsi pouvoir convaincre ceux qui ont encore des hésitations qu’il doit absolument revenir au pouvoir pour redresser la situation du pays. 

Il a ainsi cherché à profiter de l’enlèvement de onze pèlerins chiites en Syrie (on ignore encore son véritable rôle dans l’enlèvement lui-même) pour se présenter en héros qui libère les pèlerins et contraint ainsi le Hezbollah à lui rendre son cadeau en le ramenant au pouvoir. Mais la tentative la plus flagrante a été l’assassinat du général Wissam Hassan. Avec un manque total d’imagination et une méconnaissance de la situation régionale et internationale, le 14 mars a cru pouvoir rééditer le scénario de 2005 après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri, lorsque l’émotion suscitée par cet odieux assassinat a été utilisée pour obtenir des acquis politiques, dont la chute du gouvernement de Omar Karamé. Mais si en 2005, le scénario, selon toute vraisemblance, avait été mis au point par des parties internationales (notamment l’ancien secrétaire d’Etat adjoint américain Jeffrey Feltman), cette fois produit et réalisé par le Courant du Futur, il a totalement foiré. D’abord, le martyr Wissam Hassan, avec toutes ses qualités n’est pas Rafic Hariri et ensuite, les circonstances de 2012 sont totalement différentes de celles de 2005. L’émotion populaire n’était donc pas au rendez-vous et la scène a été ouverte aux groupes islamistes incontrôlés et aux opposants syriens qui ont constitué le gros des manifestants du 14 mars. D’autre part et après avoir longuement prôné le refus du sit in pour obtenir des acquis politiques et après avoir condamné les menaces d’invasion du sérail par les manifestants de l’opposition de l’époque en 2006 et 2007, sous prétexte qu’il s’agit à la fois d’une atteinte aux institutions et à la communauté sunnite, les voilà qui, drapeaux de l’opposition syrienne à l’appui, ils tentent d’envahir le sérail, contraignant les FSI, généralement considérées comme leurs alliées à les repousser fermement. Le couac est terrible et les dommages pour le Courant du Futur en particulier, immenses. Non seulement l’opération s’est soldée par un lamentable échec, mais elle a jeté au tapis toutes les affirmations du 14 mars sur sa volonté de construire un Etat face au "mini-Etat du Hezbollah", elle a balayé les slogans du 14 mars refusant les armes utilisées sur la scène interne et surtout elle a abouti à ce que la communauté internationale déclare clairement son refus d’un vide au sein du pouvoir et donc son appui clair au maintien de l’actuel gouvernement. 


La situation avait même quelque chose d’absurde que n’a pas manqué de relever le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah au cours de son dernier discours : lorsqu’il a dit : on s’est retrouvé avec un appui international avec le gouvernement dit du Hezbollah. Il y avait quelque chose d’anormal dans cette situation. Mais la responsabilité est celle du 14 mars qui non seulement a dressé des plans foireux, mais de plus, il n’a absolument pas compris la position internationale. Et ses tentatives désespérées d’entraîner le Hezbollah ou Amal dans un conflit interne en multipliant les provocations et en tirant sur le quartier de Chiyah se sont elles aussi soldées par un échec. 

Cet épisode devrait laisser des traces profondes sur la crédibilité du 14 mars qui n’a plus aujourd’hui qu’un seul argument : la crainte des attentats pour justifier une position intenable de refus de tout dialogue et de blocage des institutions notamment parlementaires, un seul atout : la fibre confessionnelle sunnite que toutefois, le mufti de la république et le Premier ministre tentent de calmer et un seul espoir : la chute rapide du régime syrien. Autant d’éléments qui pourraient ne pas tenir la route en 2013, année cruciale pour les élections législatives libanaises.

Source: moqawama.org

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