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25 janv. 2013

La famille Dassault dans la tourmente judiciaire

La famille Dassault, cinquième fortune française avec plus de 10 milliards d'euros de patrimoine, est en pleine tourmente judiciaire, sur fond de guerre de succession au sein de la fratrie.

Le parquet de Paris gère aujourd'hui, dans la plus grande discrétion, pas moins de trois enquêtes préliminaires concernant Serge Dassault, 87 ans, le patriarche et patron du groupe du même nom. A la suite des déboires électoraux de M. Dassault à Corbeil-Essonnes (Essonne), ville dont il a été maire de 1995 à 2009 et où il a copieusement distribué son argent personnel, la famille du milliardaire a été harcelée en 2012 d'appels téléphoniques menaçants, émanant de voyous locaux. Des investigations sont lancées pour les identifier. La justice enquêteparallèlement sur les fortes sommes prêtées ou données par le vieil homme à des personnes défavorablement connues de la justice.


La première des enquêtes date de 2010. Confiée à la Division nationale des investigations financières et fiscales (DNIFF), elle a été ouverte à Evry (Essonne), puis transférée à Paris, après un signalement de Tracfin, l'organisme antiblanchiment de Bercy, qui dénonçait des mouvements de fonds suspects opérés à l'occasion des élections municipales s'étant déroulées en 2008, 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes.

Serge Dassault, sénateur UMP de l'Essonne, a été maire de cette commune de 43 000 habitants de 1995 à 2009. Son élection, en 2008, avait été invalidée par une décision du Conseil d'Etat du 8 juin 2009, l'opposition locale assurant que le milliardaire avait distribué de fortes sommes d'argent pour assurer sa victoire.

Le Conseil d'Etat avait notamment argué, à l'appui de sa décision, que "dans un document audiovisuel, il [M. Dassault] ne conteste pas l'existence de dons en argent". Lors d'élections municipales partielles, en 2009, son successeur Jean-Pierre Bechter (UMP), un proche de l'avionneur, a été élu de justesse, mais son élection a été annulée par le Conseil d'Etat le 22 septembre 2010. Le 19 décembre 2010, le conseil municipal lui avait à nouveau accordé sa confiance par 32 voix, contre 10 à son opposant. Depuis, les enquêteurs entendent les différents protagonistes de ces élections. L'opposition locale assure, notamment, que M. Dassault a donné de l'argent à plusieurs jeunes des cités.


MESSAGES TÉLÉPHONIQUES MENAÇANTS

"M. Dassault paie ses impôts, c'est son argent et il en fait ce qu'il veut, explique M. Bechter au Monde. Il est le seul milliardaire à faire de la politique et à s'occuperdes handicapés mentaux ou des quartiers difficiles." Les deux élus sont candidats à leur réélection, en 2014, lors des municipales et sénatoriales. M. Bechter balaie les accusations : "J'en ai rien à foutre, dit-il, l'argent de M. Dassault, ça fait trente ans qu'on en parle à Corbeil..." Reste que la "générosité" de M. Dassault, propriétaire du Figaro, lui vaut bien des soucis.

Courant 2012, les téléphones de ses enfants – M. Dassault a trois fils et une fille – ont été submergés de messages téléphoniques menaçants, émanant vraisemblablement de caïds de banlieue. Des appels répétés, qui s'en prennent même aux petits-enfants de Serge Dassault, et où il est question d'obtenir de l'argent, sous peine de représailles physiques.

En avril 2012, deux des enfants de M. Dassault se sont résolus à déposer une plainte simple auprès du parquet de Paris. Une enquête préliminaire a été ordonnée dans la foulée, des chefs de "tentative d'extorsion de fonds". Elle a été confiée à la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP). Une information judiciaire, confiée à un juge d'instruction, devrait être ouverte sous peu.

Mais une troisième enquête préliminaire gêne aussi la famille Dassault. En effet, Tracfin a effectué un nouveau signalement, récemment, mettant en exergue la propension de M. Dassault à accorder des prêts, sous forme de virements bancaires, pour plusieurs centaines de milliers d'euros, à des personnes connues de la justice, toujours à Corbeil-Essonnes.

Il reste encore à définir s'il s'agit véritablement de prêts. Même l'entourage proche du milliardaire ne connaît pas le montant exact des sommes déboursées, ni l'identité des destinataires. Le parquet de Paris a saisi l'Office central de lutte contre le crime organisé, un service destiné à combattre le grand banditisme.

ATMOSPHÈRE CONFLICTUELLE AU SEIN DE LA HOLDING FAMILIALE

Les investigations sont au point mort, pour l'heure. Car les policiers, comme la justice, sont embarrassés, et n'apprécient guère le tour que prend l'affaire. En effet, ils ont le sentiment d'être instrumentalisés, plongés au cœur d'un conflit de succession. Ils ne perdent pas de vue que l'atmosphère est conflictuelle au sein de la holding familiale GIMD. Les quatre enfants du milliardaire, tous salariés au sein de l'empire familial, guignent la place de leur père, Serge Dassault, qui aura 88 ans en avril et n'entend pas céder son fauteuil, pour l'heure.

Or, une enquête judiciaire visant le patriarche, à l'image de l'affaire Bettencourt, pourrait mettre en lumière l'éventuelle vulnérabilité du milliardaire, et faciliter ainsi sa prise de distance vis-à-vis du groupe Dassault.

Il est de notoriété publique qu'Olivier Dassault, l'aîné de la fratrie, ne s'entend pas avec Laurent Dassault, vice-président du groupe industriel. En octobre 2012, celui-ci, dans une interview à la chaîne Web Décideurs-TV, avait plaidé sa propre cause. "Je suis numéro deux, avait-il indiqué. J'ai une place impossible. Je vaisfaire en sorte que cette place devienne possible." Une déclaration d'intention qui lui valut de sévères remontrances de son père. La famille Dassault n'a pas souhaité réagir aux informations du Monde.

Source : Le monde. 

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