Habitués des terrasses de café, votre prochain demi contribuera plus que le précédent au financement de la sécurité sociale. Parmi les mesures destinées à combler le déficit de celle-ci, et présentées aujourd'hui par le gouvernement, figure en effet la hausse d'une taxe sur la bière, le «droit d'accise». La mesure doit rapporter 480 millions d'euros supplémentaires par an à l'Etat, pour un total de 810 millions d'euros, soit une hausse de 150%.
«C'est abominable, nous sommes abasourdis, réagit Pascal Chevremont, délégué général de l'Association des Brasseurs de France. On tue dans l'œuf le développement du secteur, car, avec un pouvoir d'achat restreint des consommateurs, la consommation va diminuer. Elle n'est déjà que de trente litres par habitant et par an en France, contre une centaine chez nos voisins belges, allemands ou britanniques. Nous avions réussi à stabiliser ce volume depuis trois ans, après une baisse de 30% en trente ans et des restructurations dans les années 90. Cette hausse met de nouveau le secteur en difficulté.»
L'organisation souligne que 70% des bières consommées en France y sont également produites, et que le secteur représente 3000 emplois directs, et 65 000 emplois indirects en comptant les cafés, hôtels et restaurants, dont les bières représentent plus du tiers du revenu, selon la Fédération nationale des boissons (FNB). Le député du Nord Jean-Pierre Decool (apparenté UMP) a estimé dans un communiqué que la hausse de la «le doublement des droits d'accises aura certainement pour effet de réduire considérablement ces emplois, dans un contexte où le chômage ne cesse d'augmenter».
Le «droit d'accise» concerne tous les alcools, et s'ajoute à la TVA à 19,6% qui s'appliquent à eux. Son taux varie selon la nature et le taux d'alcool du spiritueux, ainsi que la taille de son producteur. Pour la bière, le taux le plus commun est de 2,75 euros par degré alcoométrique et par hectolitre. C'est ce taux qui est relevé par le gouvernement. Avec quelles conséquences pour les consommateurs ?
«Elles seront d'abord sensibles sur les prix des packs en grande distribution, puisque la taxe joue sur le volume, explique Pascal Chevremont. Le prix devrait augmenter de 20 à 25% : un pack à dix euros passerait à douze ou plus. Pour les premiers prix, la hausse sera encore supérieure». Quant au demi - qui, comme son nom ne l'indique pas, représente un quart de litre - le gouvernement pronostique une hausse de 5 centimes environ, soit 2% du prix moyen, chiffré par l'Insee à 2,6 euros.
Par cette hausse, présentée conjointement à celle des taxes sur le tabac, le gouvernement entend «rendre ces produits moins attractifs, notamment pour les jeunes». «La bière est massivement privilégiée par les jeunes qui décident de s'alcooliser. Ce qui n'est pas le cas du vin», a déclaré Jérôme Cahuzac à 20 minutes. Le gouvernement justifie également le ciblage de la bière par le niveau «particulièrement bas par rapport aux autres pays européens» des taxes la touchant.
En France, cependant, c'est le vin qui domine les tablées. A peine 16% de la consommation d'alcool revient à la bière, contre 59% au vin et 25% aux spiritueux, selon les Brasseurs de France.
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