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19 juin 2012

À propos des effectifs – et des pertes – de l’insurrection

L’OSDH et les « militants » censés témoigner de ce qu’ils voient indiquent à l’unisson que l’armée syrienne poursuit activement, ce lundi 18 juin, ses opérations cotre les positions insurgées à travers lE pays. Jusque-là, on est bien d’accord. Assez vite cependant, on se heurte au tropisme propagandiste de ces messieurs.
Ainsi Reuters cite un de ces « témoins militants », un certain Zaïd de Douma, qui prétend que lui et ses camarade ne peuvent même plus compter les morts « parce qu’il y a trop de blessés à soigner » du fait du pilonnage incessant des blindés, mortiers et hélicoptères du gouvernement. Ca n’empêche pas l’OSDH de parler de 23 morts – toutes tendances confondues – à travers tout le pays pour la matinée de lundi, ce qui relativise quelque peu le carnage décrit à Douma par le sieur Zaïd. Qui semble oublier que pour qu’une propagande soit vraiment efficace, elle ne doit pas recourir systématiquement – quotidiennement – à la surenchère et à l’hyperbole. Faute de quoi les « bombardements incessants« , les « très violents combats » et autres « massacres » virtuels finiront par faire bailler l’éditorialiste atlantiste le mieux disposé envers l’opposition syrienne.
ASL : bientôt la crise des effectifs ?

Sana rapporte que quatre terroristes – dont elle donne les noms – sont morts dans l’explosion apparemment prématurée de l’engin qu’ils tentaient de placer dans un véhicule, à Mohassan (province de Deir Ezzor). D’autre part une chaîne d’information arabe a annoncé la capture de pas moins de 400 insurgés à Douma, ce qu’il nous est impossible de vérifier. Et de son côté, le quotidien syrien al-Watan, cité par l’AFP, a indiqué dans son édition de lundi que des « centaines de terroristes » avaient été tués « ces trois dernières semaines aux portes de Damas« . Si c’est vrai, et si l’on ajoute les pertes subies par les insurgés dans la même période du côté de Lattaquié/Haffé, dans le secteur entre Idleb et la frontière turque, dans celui de Deir Ezzor, et aux frontières avec le Liban, il parait évident que l’ASL et les groupes armés de toute obédience payent le prix fort.

Justement, une question hante les esprits : combien sont-ils à l’heure qu’il est ces hommes armés, salafistes et/ou ASL, syriens ou étrangers ? « Des milliers » avons nous déjà écrit en regrettant de ne pouvoir être plus précis. Sans doute pas 10 000, mais quand même assez pour monter une opération importante comme à Houla, où jusqu’à 800 insurgés auraient participé à l’attaque des postes de l’armée – et plus tard au massacre d’une centaine de civils. Un responsable ASL rescapé de Bab Amr avait par ailleurs confié à une journaliste allemande qu’à Homs/Bab Amr, la brigade Farouq avait perdu 2 000 hommes, ce qui est possiblement exagéré. Bref, les insurgés, avec les incessants renforts étrangers transitant par la Turquie, le Nord Liban et l’Irak, ont sans doute pu maintenir assez longtemps des effectifs suffisants pour entretenir des dizaines de foyers principaux et secondaires d’insécurité. Il y a cependant des signes qu’un point de rupture pourrait intervenir bientôt dans l’ »effort de guerre » insurgé : l’armée a frappé fort depuis février, et plus encore depuis une quinzaine de jours.

Nous l’avons déjà écrit : une bonne part de l’activité des insurgés consiste en attentats à la bombe contre des institutions ou des positions de l’armée, en embuscades contre des véhicules, en assassinats ciblés. Pour faire ce genre de guerre, pas besoin d’effectifs pléthoriques, des petites équipes mobiles et formées suffisent.

Les accusations chiffrées de l’opposition turque

Quant aux contingents étrangers de l’insurrection, voici une indication qui vient d’un important dirigeant politique turc, donc assez bien placé pour apprécier cette question. Certes l’homme, Bülent Esinoglu, est le vice-président du Parti républicain du Peuple (CHP, social-démocrate), première formation parlementaire de l’opposition au gouvernement Erdogan et à sa politique syrienne. C’est néanmoins un responsable politique de premier plan, qui n’hésite donc pas à affirmer que la CIA a recruté pas moins de 6 000 mercenaires arabes, afghans et turcs pour le « front » syrien. Esinoglu suppose à haute voix que l’illustre maison Blackwater, leader américain du marché de la guerre privée (qui a pratiquement « doublé » l’US Army en Irak), serait chargée du recrutement et de l’organisation de ces « affreux » à la sauce islamiste. Pour les donneurs d’ordre, le dirigeant travailliste turc ne fait pas dans l’allusion : « La guerre déclarée, par la Turquie, contre la Syrie, est dirigée par Washington et Tel-Aviv, qui ont transformé pratiquement l’armée turque en une armée de mercenaires, qui lutte pour de l’argent« .

On sait qu’Erdogan et l’AKP ont diligenté ces derniers mois une grand purge d’officiers au sein de l’armée turque, toujours dépositaire malgré son repli politique, d’une certaine tradition laïciste kémaliste. Peut-on dire pour autant que cette armée subit un processus d’islamisation sous la férule du gouvernement et avec l’appui bienveillant des Américains ? Les accusations d’Esinoglu sont récurrentes au sein de l’opposition turque, de gauche, de droite et d’ailleurs, unie par un rejet commun et sans ambigüité de la ligne Erdogan sur la Syrie. Par ailleurs, plus aucun média occidental ne fait semblant d’ignorer la présence dans les régions sud de la Turquie de centaines de volontaires islamistes internationaux. et l’on sait que l’ASL recrute tranquillement dans les camps de réfugiés syriens du Hatay – ils seraient 30 000 aux dernières nouvelles.

D’où Bülent Esinoglu tire-t-il ce chiffre de 6 000 volontaires-mercenaires ? Nous ne le savons pas, mais proférer une accusation aussi grave laisse supposer que le vice-président du CHP n’est pas « sans biscuits ».


Des "contractors" de Blackwater en Irak : un "professionnalisme" 
mis par la CIA et Erdogan au service de l'opposition syrienne ?


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