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10 juin 2012

100 milliards d’euros pour sauver l’Espagne!

L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, s’est résignée samedi à lancer un appel à l’aide européenne pour ses banques, qui pourrait atteindre cent milliards d’euros, un scénario longtemps écarté à Madrid, mais devenu inévitable face à l’aggravation de la crise de la dette.

Ce plan d’aide sera le quatrième pour un pays de la zone euro depuis le début de cette crise fin 2009, après la Grèce, l’Irlande et le Portugal.

Il s’agira cette fois de renflouer le secteur bancaire de l’Espagne, asphyxié par son exposition à l’immobilier, pour un montant évalué par l’Eurogroupe à cent milliards d’euros au maximum.
L’Espagne va demander « une aide financière européenne » pour redresser son secteur bancaire, a annoncé à Madrid le ministre de l’Economie Luis de Guindos, après une réunion téléphonique des ministres des Finances des 17 pays de la zone euro.

Il a affirmé qu’en échange, il n’y aura aucune condition de réformes économiques « hors du domaine du secteur financier ».

« Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole », a ajouté le ministre, tentant de rassurer le pays, au taux de chômage record de 24,44% et déjà soumis à une rude cure d’austérité pour réduire son déficit public de 8,9% en 2011 à 5,3% cette année.

« Cela n’a rien à voir avec un sauvetage », a insisté M. de Guindos, précisant que l’aide sera réservée aux « 30% (des banques) qui ont le plus de difficultés », et identifiées comme telles dans le rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié vendredi soir.

Une aide considérée comme de la dette publique

« Cette annonce est bonne pour l’économie espagnole et pour l’avenir de la zone euro », « c’est un signal très positif sur la volonté politique de toute la zone euro », a déclaré le ministre, qui a nié fermement avoir subi la moindre pression de la part de ses partenaires européens.

M. de Guindos a expliqué que cette aide serait considérée comme de « la dette publique » espagnole, qui va donc augmenter, et « devra absolument être remboursée ».

Elle sera injectée dans le fonds public espagnol d’aide au secteur (Frob), qui attribuera cet argent aux « banques qui le demandent », a-t-il expliqué.

Le FMI participera au plan d’aide, mais n’aura qu’un rôle de surveillance, selon deux sources proches du dossier.
L’Espagne se résigne à demander une aide pour ses banques

Quelques heures plus tôt, les ministres des Finances de la zone euro avaient eu une vidéo-conférence pour dessiner les contours de ce plan.

« Il s’agira en fait d’un des plus grands sauvetages financiers de l’histoire récente », avait souligné le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays ne fait pas partie de l’Union monétaire.

Quatrième économie de la zone euro, l’Espagne constitue en effet 12% du PIB de la zone euro, contre seulement 6% pour l’Irlande, le Portugal et la Grèce réunis. Les plans de sauvetage de ces trois pays ont coûté respectivement 85 milliards, 78 milliards et 292 milliards d’euros.

Jusqu’ici, Madrid s’était refusé à lancer un appel à l’aide de crainte de se voir imposer, comme la Grèce, un programme qui irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux.

Mais le gouvernement espagnol a dû plier, sous la pression extrême des marchés et de l’Europe, soucieux probablement de régler le problème avant les élections en Grèce du 17 juin, de peur d’une contagion.

Pour le FMI, un besoin de 40 milliards

Cette semaine encore, le gouvernement était resté inflexible : « j’attendrai que le FMI et les experts indépendants fassent connaître leur opinion sur les nécessités de recapitalisation du système financier espagnol et à partir de là, je donnerai mon chiffre et le gouvernement dira de quoi a besoin le système pour se recapitaliser », avait déclaré jeudi le chef du gouvernement couservateur, Mariano Rajoy.

Le rapport du FMI a chiffré les besoins du secteur à au moins 40 milliards d’euros, mais la zone euro s’est dite prête à « répondre favorablement à une demande d’aide » de l’Espagne en faveur de son secteur bancaire et à lui prêter jusqu’à 100 milliards d’euros.

« C’est une somme maximum », a souligné Luis de Guindos, et, « très clairement, il y a une marge de sécurité » dans ce chiffre.

Pour formuler une demande précise, Madrid attend, en plus du rapport du FMI, les résultats de l’audit réalisé par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman. Ils seront connus « dans quelques jours », a indiqué le ministre.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a, pour sa part, rapidement salué l’accord trouvé avec l’Espagne, qu’il juge sur « la bonne voie ».

« Je salue, comme les autres collègues de l’Eurogroupe, la détermination du gouvernement espagnol à procéder à la recapitalisation (des banques) et par le biais de ce programme à avoir recours au fonds de secours européen (FESF) ou au fonds de sauvetage (MES) avec les conditions correspondantes », a-t-il dit.

Source: Boursorama

Cela va également avoir un cout sur l’emploi alors que le taux de chômage atteint les 25% dans le pays, et la situation va donc s’aggraver encore, et encore, et encore… C’est une hécatombe pour les emplois comme pour les agences bancaires.


Alors que les banques espagnoles concentrent les inquiétudes des marchés, les syndicats alertent, eux, sur la lourde facture sociale déjà payée par le secteur, pour réduire sa taille: en trois ans, plus de 25.000 emplois ont été détruits, dans un pays au chômage record.

Les chiffres de la Banque d’Espagne sont sans appel: en 2011, le secteur employait 243.041 personnes, bien loin des 270.855 salariés de 2008. Le nombre d’agences bancaires est passé de 45.662 à 39.843.

« La situation est grave », commente José Miguel Villa, secrétaire général de la fédération services du syndicat UGT. Et « surtout, ce qui nous préoccupe, c’est que le processus n’est pas terminé, avec les nouvelles opérations de fusions qui menacent à nouveau des milliers d’emplois ».

Dernière nouvelle en ce sens, tombée le 24 mai: la suppression, via des départs volontaires, de 1.500 postes chez Banca Civica, soit 20% du personnel, pour permettre son intégration dans la banque catalane CaixaBank.

Avant elle, 1.300 emplois ont notamment disparu avec le rachat d’Unnim par BBVA et plus de 4.000 chez Bankia, née de l’union de sept caisses et qui va faire l’objet du sauvetage public le plus cher de l’histoire du pays (23,5 milliards d’euros).

Les banques espagnoles vivent depuis trois ans une vaste restructuration qui s’est traduite par de nombreux rachats et la réduction du nombre de caisses d’épargne, entités considérées comme les plus fragiles, de 45 à une dizaine.

Cette vague de fusions vise à réduire la taille d’un secteur bancaire jugé disproportionné en Espagne.

« Il s’est beaucoup surdimensionné avec la bulle immobilière », alors que « l’activité immobilière telle qu’on l’a connue ne va pas revenir », estime José Maria Martinez Lopez, secrétaire général de la fédération services financiers du syndicat CCOO.

La situation actuelle « est le produit de la crise, de l’excès d’investissement dans la brique dans notre pays », renchérit José Miguel Villa.

Emportée par une frénésie de construction, l’Espagne a bâti, à partir de 2000, environ 700.000 logements par an, autant que la France, l’Allemagne et l’Angleterre réunies, jusqu’à l’engorgement de 2008, au moment même où démarrait la crise financière.

Et le secteur bancaire, qui a prêté à tout-va, aux promoteurs comme aux ménages, a désormais sur les bras 184 milliards d’euros de crédits problématiques et d’immeubles et terrains saisis ce qui le fragilise et le place en ligne de mire des investisseurs.

Tout en assainissant son bilan, il doit encore diminuer de taille, estiment les analystes: « le système financier espagnol souffre d’un excès de capacité qui n’a été corrigé que partiellement », notent Santiago Fernandez de Lis et Jorge Sicilia, économistes en chef du service d’études de BBVA, dans un récent article.

« Il faudrait fermer encore 8.000 agences » et « cela suppose de réduire le personnel d’environ 35.000 personnes », estiment-ils.

Une autre étude, de l’Institut d’études boursières (IEB), est plus sévère encore: selon lui, le secteur devrait fermer dix agences par jour dans les trois prochaines années et se séparer de plus de 41.000 salariés.

La perspective glace les syndicats, alors que le pays affiche déjà le taux de chômage le plus élevé du monde industrialisé, 24,44%.

« Jusqu’à présent, l’ajustement n’a pas été si traumatisant, parce que nous avons été capables de nous mettre d’accord (avec la direction) sur les conditions de sortie du personnel », avec surtout des départs volontaires ou en pré-retraite, raconte José Maria Martinez Lopez.

Mais « le risque est que maintenant, dans cette deuxième phase, ces accords ne soient pas possibles parce que la situation des banques est pire et qu’il n’y ait pas assez d’argent pour prendre des mesures le moins traumatisantes possible ».

Source: Boursorama

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