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8 févr. 2012

"La peur du sucre pour les enfants est démesurée"

La consommation excessive de produits sucrés peut être
 responsable de carences nutritionnelles. © JAUBERT / SIPA
Les pédiatres s'opposent aux conclusions d'une étude qui considère le sucre aussi toxique et addictif que le tabac et l'alcool.

Une semaine après la publication dans la sérieuse revue scientifiqueNature d'une enquête sur les dangers du sucre, le Pr Patrick Tounian, secrétaire général de la Société française de pédiatrie, répond point par point aux arguments avancés. Certes, il estime "indéniable" le fait qu'une alimentation trop riche en sucre est délétère chez l'enfant, mais il conteste les fondements scientifiques de certaines accusations portées par les chercheurs de l'Université de Californie (San Francisco). Ce n'est pas la première fois que ce pédiatre, nutritionniste, spécialiste de l'obésité exerçant dans un hôpital parisien, prend des positions anticonformistes, parfois jugées dérangeantes par ses confrères. 

Mais il persiste et signe. Tout d'abord, il n'existe pas, selon lui, d'addiction au sucre. "L'addiction, précise-t-il, se traduit par l'existence, d'une part, d'une dépendance physique caractérisée par des manifestations de tolérance entraînant des besoins de plus en plus conséquents pour obtenir le même effet et, d'autre part, par des symptômes de sevrage lorsque l'individu est privé de la substance en question. Elle conduit donc à un comportement cherchant à se procurer de manière incontrôlable la substance dont on est dépendant." Fort heureusement, le sucre ne génère aucune de ces manifestations, même si son ingestion produit un plaisir qui partage les mêmes voies cérébrales que celui induit par la consommation de certaines drogues, dont la nicotine et l'alcool.

Appétit parfaitement régulé

De plus - et quitte à déstabiliser plus d'un parent -, il affirme que "le risque principal entraîné par l'excès de sucre est non pas la surcharge calorique et donc l'obésité, mais l'exposition à d'éventuelles carences nutritionnelles". Car le Pr Tounian précise que "contrairement à ce qui est écrit dans la publication en question, l'appétit est parfaitement régulé chez l'enfant". En clair, le poids est programmé et le cerveau (plus exactement l'hypothalamus) a pour fonction de moduler l'appétit et l'activité physique pour assurer l'évolution pondérale, qui est en grande partie génétiquement déterminée.

C'est pourquoi après un repas riche, le système de régulation - qui est très performant à cet âge - va réduire l'appétit pour compenser l'excédent énergétique. La courbe de poids restera donc régulière. "Si l'on poursuit ce raisonnement", continue le pédiatre, "des repas successifs trop riches en sucres, et donc en calories, risquent, du fait de la régulation de l'appétit, d'entraîner une diminution de la consommation des autres aliments, et notamment de ceux apportant calcium, fer, vitamines et autres oligoéléments".

Enfin, s'il admet que le nombre de cas de diabète de type 2 est un peu en hausse chez les jeunes, Patrick Tounian estime que l'excès de sucre n'est pas en cause. Cela serait dû à l'augmentation de l'obésité massive, qui touche tout particulièrement certaines ethnies prédisposées. Pour toutes ces raisons, il juge que la peur du sucre est "clairement démesurée" en ce qui concerne l'enfant. Et les décisions radicales préconisées par les chercheurs américains, abusives. Rien ne justifierait donc le fait de taxer les produits sucrés voire d'en interdire, à terme, la vente aux enfants avant un certain âge. Nos chères têtes blondes, tout comme les marchands de gâteaux et de bonbons, lui disent merci !

LePoint.fr

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