En demandant au Congrès de voter une « Autorisation pour l’emploi de la force armée »
(Authorization for Use of Military Force- AUMF), le président Obama a décidé, enfin, de clarifier la politique des États-Unis au Levant.
Selon sa proposition de loi, le Pentagone serait autorisé à poursuivre Daesh sans limitation dans l’espace (c’est-à-dire à la fois en Irak et en Syrie, puis n’importe où), en utilisant des hommes au sol pour le renseignement et le soutien aux frappes aériennes, mais pas pour le combat terrestre, enfin pour une durée de 3 ans renouvelables ; une définition de mission correspondant en tous points aux exigences du chef d’état-major interarmes, le général Martin Dempsey.
Au cours des dernières années, seules 2 « autorisations pour l’emploi de la force armée » ont été votées. La première, le 14 septembre 2001, autorisait à attaquer les nations, organisations ou personnes liées aux attentats du 11-Septembre, tout autant que celles liées à d’autres groupes terroristes quels qu’ils soient, sans limitation de temps.
La seconde, le 2 octobre 2002, autorisait l’invasion de l’Irak. Elle était inutile, vu que Washington accusait Saddam Hussein de soutenir al-Qaïda depuis de longues années, y compris pour l’organisation d’attentats en France, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Russie. Mais elle s’avéra nécessaire lorsque cette accusation grotesque fut abandonnée et que le général Powell présenta, en nom personnel, ses piteuses excuses.
Treize ans plus tard, la proposition Obama ne vise pas à légaliser l’opération de la Coalition internationale anti-Daesh, car le texte de 2001 est amplement suffisant, mais en réalité à priver de toute légalité les opérations contre la République arabe syrienne. C’est exactement ce que le secrétaire à la Défense Chuck Hagel avait réclamé par écrit, fin octobre, et qui lui valut d’être limogé sur pression du Likoud israélien et des néo-conservateurs Américains.
Le rapport de forces a donc évolué en faveur de la Maison-Blanche. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu est en difficulté pendant sa campagne électorale. Sa venue au Congrès a été remise à plus tard, malgré l’invitation qu’il s’était fait envoyer par le président de la Chambre des représentants. Aussi les néo-conservateurs états-uniens feront tout pour retarder le vote de la proposition de loi dans l’espoir d’une réélection de leur champion à Tel-Aviv.
D’ores et déjà, à Washington, le sénateur John McCain, président de la commission des Forces armées, bat le tambour pour faire échouer la proposition Obama. Tout en affirmant vouloir détruire Daesh, l’homme qui niait nos révélations selon lesquelles il a rencontré le « calife » Ibrahim al-Baghdadi, en mai 2013, a finalement admis, le 16 septembre 2014 sur Fox News, être en contact permanent avec l’état-major de « l’Émirat islamique ». S’appuyant sur son expérience vietnamienne, il expliquait que les États-Unis devaient s’allier au diable pour renverser la République arabe syrienne ; un objectif désormais inutile et dangereux pour Washington, mais toujours indispensable pour le projet likoudnik d’un État sioniste s’étendant du Nil à l’Euphrate.
Le vote de la proposition Obama devrait demander des semaines, voire des mois. Si elle est adoptée, elle mettra à la fois un terme définitif à l’engagement Américains contre le peuple Syrien et au projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi », donc à la création d’un « Kurdistan » pro-israélien et d’un « Sunnistan » terroriste, à cheval sur la Syrie et l’Irak.
La logique d’Obama semble acquise par Ban Ki-moon. Son envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, devrait rendre un rapport affirmant que l’on ne peut pas combattre efficacement Daesh, ni mettre fin au conflit syrien sans l’aide du président Bachar el-Assad.
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