Les indices et les informations sur l’intention de l’organisation terroriste de l’«Etat islamique» (EI) d’exporter vers l’Asie centrale son idéologie obscurantiste et ses méthodes barbares se multiplient. Son but est de déstabiliser cette région, plus particulièrement la Russie et l’Iran, pour le compte des Etats-Unis.
Le 14 janvier dernier, «Daech» diffusait sur les réseaux sociaux une vidéo montrant un garçon d'une dizaine d'années, aux traits asiatiques, exécutant deux hommes présentés comme étant des «espions russes».
Lors d'un interrogatoire filmé, les deux hommes, qui s’exprimaient en russe, affirment avoir été envoyés par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) pour infiltrer les rangs de «Daech». Ensuite, le jeune garçon, vêtu d’un treillis militaire et d’un tee-shirt noir, tire une balle dans la tête de chacun des deux hommes. Le bourreau prend soin d’expliquer qu’il vient du Kazakhstan.
Selon la vidéo, l'un des deux hommes exécutés était un ressortissant kazakh et l'autre, dont la nationalité n'est pas précisée, aurait travaillé pendant huit mois en Russie pour le compte du FSB avant d'arriver en Syrie.
Les experts assurent que cette vidéo s’inscrit dans le cadre de la campagne de propagande de «Daech» à l’intention des anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale, qui constituent l’un des bassins de recrutement de l’organisation terroriste.
Jusqu’à 4000 combattants d’Asie centrale
Dans ce contexte, le très sérieux International Crisis Group (ICG), basé en Belgique, évalue entre 2000 et 4000 le nombre de combattants de «Daech» venant des pays d'Asie centrale. Selon les auteurs du rapport de ce centre de recherche, «tant que les cinq Etats d'Asie centrale ne mettront pas au point un plan concret et coordonné d'action, visant notamment à renforcer la sécurité et à mettre en œuvre des réformes sociales et politiques, le radicalisme ira croissant et finira par créer une menace sérieuse pour leur stabilité».
Les Tchétchènes constituent l’un des plus importants contingents étrangers de «Daech», avec plusieurs centaines de combattants. Leur plus illustre représentant est Abou Omar al-Chichani, réputé pour sa férocité. Mais il existe aussi au sein de l’organisation une unité appelée Movaraunahr (Transoxiane), composé de terroristes kazakhs, ouzbeks, kirghizes et tadjiks.
Selon le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta, «Daech» aurait alloué quelque 70 millions de dollars pour financer un projet de déstabilisation de la situation en Asie centrale.
Face à la montée de la menace terroriste, le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaev, a ordonné de prendre des mesures supplémentaires pour renforcer la frontière face à l'activation de l’organisation extrémiste en Asie centrale. Selon Kadyr Malikov, directeur du centre d'analyse «Religion, droit et politique», cité par le journal russe, «le principal objectif de l'EI consiste à déstabiliser la situation dans la vallée de Ferghana, au sud du Kirghizstan et de l'Ouzbékistan». L’expert ajoute que les fonds seraient envoyés à l’unité Movaraunahr, dont des membres, de retour de Syrie et d’Irak, seraient chargés d’organiser une série d'attentats.
Menaces contre Vladimir Poutine
En septembre dernier, «Daech» avait menacé de lancer une guerre contre la Russie et promis de renverser le président Vladimir Poutine. Dans une vidéo postée sur Youtube le 2 septembre et sous-titrée en arabe, des terroristes avaient menacé le président russe. «Nous libérerons la Tchétchénie et tout le Caucase, si Dieu le veut. Ton trône est menacé et il tombera quand nous viendrons chez toi», ont-ils dit.
Alexandre Sobianine, chef du service de planification stratégique de l'«Association de coopération limitrophe», indique au Nezavissimaïa gazeta que les principales cibles de «Daech» sont l'Ouzbékistan et les régions tatares et bachkires de la Russie et du Kazakhstan. «Si auparavant les rebelles, en Afghanistan et au Pakistan, avaient pour cible deux pays – le Tadjikistan et le Kirghizstan – comme avant-poste pour frapper l'Ouzbékistan, il est clair aujourd'hui que les pays mentionnés font partie d'un objectif global. Il est désormais question d'atteindre le Kazakhstan, le Turkménistan et la Russie», déclare M. Sobianine.
Selon lui, «les Etats-Unis et leurs alliés wahhabites ont déjà décidé que le Kazakhstan n'était plus intouchable. A leurs yeux, comme le pays est devenu membre de l'Union économique eurasiatique, le régime local doit être supprimé. C'est évidemment impossible en réalité, mais dans le cas présent nous parlons d'objectifs et de tâches». L’expert affirme que «l'un des objectifs de la déstabilisation de l'Asie centrale consiste à empêcher le développement de l'Union économique eurasiatique».
Cette analyse prouve que le véritable but des Etats-Unis n’est pas de détruire «Daech», comme ils le prétendent, mais de le contenir, dans un premier temps, puis de le dompter, avant qu’il ne soit intégré aux outils déployés par Washington dans son projet d’encercler la Russie et l’Iran, principaux obstacles à son hégémonie planétaire.
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