1 oct. 2014
Un Irak sans chrétiens
Jasib Al-Musavi : "Les Américains sont plus que jamais intéressés à la division du pays".
Moscou est préoccupé par les persécutions que les terroristes de l’EIIL font subir aux chrétiens dans le nord-ouest de l’Irak, dit un message du ministère russe des Affaires étrangères. Après avoir pris sous leur contrôle Mossoul et ses environs, les combattants ont lancé un ultimatum aux chrétiens irakiens. Soit ils se convertissent à l’islam, soit ils versent l’impôt imposé aux non-musulmans, soit ils quittent les lieux de leur résidence. A l’expiration du délai fixé, ils sont passés aux actes, c’est-à-dire aux violences.
Selon l’administration de l’autonomie kurde en Irak, 400 000 chrétiens se sont déjà réfugiés au Kurdistan.
Docteur en histoire Jasib Al-Musavi commente ce qui se passe actuellement en Irak :
- Le mouvement EIIL se situe à l’extrême de l’islam de rite sunnite. Il veut imposer ses règles à la population irakienne, a détruit un grand nombre de sanctuaires et expulsé de nombreux chiites et chrétiens des zones de leur résidence traditionnelle. Cette vague de réfugiés désorganise la vie du pays et pèse lourdement sur son économie détruite.
- Les chrétiens ont toujours fait partie de la société irakienne. Ils sont actuellement contraints à s’exiler. Comment cela va-t-il se répercuter sur les destinées de l’Irak?
- Les chrétiens sont incontestablement la population de souche en Irak. Ils y ont vécu avant l’apparition de l’islam. Les événements actuels montrent que ce groupement extrémiste applique ainsi le plan de division de l’Irak en plusieurs États. Les agissements de l’EIIL sont contraires aux normes de l’islam qui s’est toujours montré tolérant sur le plan religieux. Par conséquent, l’EIIL transgresse la doctrine islamique. Que les autorités du Kurdistan irakien instrumentalisent la situation actuelle pour s’adjoindre à leur autonomie de nouveaux territoires irakiens litigieux, est une autre histoire. Nous assistons à la partition réelle de l’Irak en État kurde au nord, sunnite à l’ouest et chiite au centre et dans le sud. Il est significatif que, bien que l’Irak soit un partenaire stratégique des États-Unis, ces derniers ne font strictement rien pour aider le gouvernement irakien à faire face à cette situation. Je suis convaincu qu’il s’agit d’une politique délibérée parce que les Américains sont plus que jamais intéressés à la division du pays. Ils refusent toujours de livrer à l’Irak les armes dont il a besoin pour faire refluer les fondamentalistes. Nous assistons en réalité à un reformatage de l’Irak et du monde arabe dans son ensemble. Les changements politiques ont commencé par les coups d’État en Tunisie, en Égypte, au Yémen et en Libye. Si ce plan avait échoué en Syrie, il est en revanche en pleine action en Irak, au Yémen, en Libye et au Soudan. Il ne s’agit guère de la « théorie du complot » mais de la réalité que nous vivons tous.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire