Le fils ainé du ministre des Affaires étrangères, qui serait non-imposable mais possède un appartement parisien à sept millions d'euros, est un habitué de la Côte d'Azur.
Au casino de Monte-Carlo, on les appelle les "privés". Des salons richement meublés pour joueurs VIP. "Je n'avais pas placé ma mise ici !" La scène, racontée par un témoin, se serait déroulée en 2011 à Monaco. Cheveux ras, teint hâlé et bien soigné, un jeune homme tape l'esclandre. "Il était particulièrement nerveux." Le croupier, aidé d'un commissaire de jeux, le calme toutefois sans trop de difficultés.
Ce type de comportement n'est pas complètement inhabituel en ce lieu, où le montant des sommes jouées - plusieurs millions d'euros en une mise - fait parfois perdre la tête aux "gamblers" les plus fortunés.
Le jeune homme, de 30 ans à l'époque (il en a aujourd'hui 32), qui piquait ainsi une colère n'est autre que Thomas Fabius, fils aîné de l'actuel n° 2 du gouvernement, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
Exonéré d'impôts ?
Selon le magazine Le Point, la justice s'intéresse aujourd'hui aux conditions d'achat d'un somptueux appartement de 280 m2 à Paris, acquis en 2012 pour sept millions d'euros. L'ancien repaire de Claude Zidi. Rien d'illégal en soi. Mais le parquet de Paris voudrait comprendre comment Thomas Fabius a pu s'offrir un tel bien alors que, résident fiscal en France, il n'y paye pas d'impôts, selon Le Point.
Thomas Fabius a affirmé au magazine "l'avoir acheté comme tout le monde, avec un prêt bancaire » et avoir « contracté un emprunt couvert par une garantie." Ses gains aux jeux auraient été évoqués à un agent immobilier.
Selon Le Point, Thomas Fabius n'a fait l'objet d'aucune enquête fiscale. Malgré un signalement de Tracfin, le service chargé de repérer les circuits financiers clandestins."Il faut laisser la justice faire son travail", a déclaré jeudi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
L'entourage de Laurent Fabius précise que Thomas « n'a bénéficié d'aucune donation ou héritage familial ».L'appartement du fils, en valeur, dépasse à lui seul le patrimoine de six millions d'euros déclaré par son père il y a un mois…
Un joueur invétéré
L'aîné de la famille Fabius est, cela n'a rien d'un mystère, un joueur invétéré. À Monaco, Fabius junior est même considéré comme un enfant terrible, connu comme le loup blanc.
Selon une source proche des croupiers, "il appelle même les inspecteurs des jeux par leur prénom". Plutôt orienté vers les jeux européens (roulette, trente et quarante), Thomas Fabius débarque souvent à l'improviste en Principauté, à bord d'un jet privé. Une limousine le conduisait de Nice à Monte-Carlo. Et il y aurait craqué des sommes colossales.
"Lors d'un réveillon, il a joué trois millions d'euros en une seule soirée", affirme un témoin. "C'était compulsif, il était assez agité, pas particulièrement discret. Il a beaucoup perdu, mais finalement regagné deux millions d'euros. Ce soir-là, il avait laissé 200.000€ de cagnotte." La "cagnotte", c'est le pourboire offert aux croupiers.
Lorsqu'il joue, les inspecteurs des jeux l'encadrent étroitement. "Les croupiers prennent la peine de bien lui faire répéter ce qu'il souhaite jouer, histoire d'éviter toute contestation", confirme cette même source. On est loin des ressources supposées d'un contribuable exonéré d'impôts sur le revenu en France. Contacté sur ces différents points, son avocat, Me Cyril Bonan, n'a pas répondu à nos sollicitations.
Thomas Fabius fréquente aussi les nuits tropéziennes. On l'a notamment vu à une Soirée blanche du chef Christophe Leroy. Il a également eu l'intention d'ouvrir une crèche d'entreprise à Ramatuelle. En 2007, on pouvait le croiser au Festival de Cannes, invité d'une soirée VIP chez les Ardisson, entre les bougies parfumées Jo Malone et les vitrines Van Cleef & Arpels.
En 2011, son passage dans un casino marocain lui avait valu une plainte pour « escroquerie et faux ». Il aurait, selon l'accusation, laissé une fausse montre de valeur en gage. Thomas Fabius serait, depuis quelque temps, interdit de casino sur le territoire français.
Mais, selon nos sources, pas à Monaco, ou dans les établissements étrangers qu'il a l'habitude de fréquenter… "Un bon client comme lui, ça ne se refuse pas", sourit-on en Principauté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire