La révolution technologique dans le secteur pétrolier aux Etats-Unis devrait permettre au premier consommateur de brut d’accéder d’ici 2020 au deuxième rang d’une production mondiale en pleine expansion, derrière l’Arabie saoudite, estiment un nombre croissant d’experts.
Selon une étude publiée cette semaine par la prestigieuse université Harvard, de plus en plus d’analystes prédisent un accroissement « sans précédent » de la production de brut dans le monde dans les prochaines années, loin de la thèse d’un épuisement imminent des ressources pétrolières de la planète.
Or, selon cette étude, quatre pays devraient tirer l’augmentation de production globale, conventionnelle et non conventionnelle, d’environ 20% d’ici 2020: l’Irak, le Canada, le Brésil et les Etats-Unis, ce dernier pays bénéficiant en particulier d’une révolution technologique.
« Avec la combinaison du forage horizontal et de la fracturation hydraulique, les Etats-Unis exploitent désormais leur réserve gigantesque, et presque intacte, de schistes bitumineux, notamment dans le Dakota du Nord (nord) et au Texas (sud) où la production bat déjà son plein », explique l’expert et ancien directeur de la société énergétique italienne ENI, Leonardo Maugeri, auteur de cette étude.
« Les Etats-Unis pourraient voir leur production augmenter de 3,5 millions de barils par jour (mbj), portant leur production totale à 11,6 mbj de brut et de gaz naturel, d’ici 2020, et faisant d’eux le deuxième pays producteur de brut du monde après l’Arabie saoudite », et devant la Russie, estime M. Maugeri.
Moins cher que prévu
Ces mêmes technologies sont déjà sur le point de faire passer le pays devant la Russie, jusque-là premier producteur mondial, sur le marché du gaz, d’après les experts.
Pour Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, les coûts d’extraction du pétrole et du gaz des gisements de schiste « se sont révélés bien moins importants que prévu ».
Cependant, nuance James Williams, stratège de WTRG Economics, « l’évolution de la production américaine ne s’accélérera pas tant que les prix continueront à descendre sous 80 dollars », rappelle-t-il.
Le boum récent de la production s’est en effet traduit par un effondrement prolongé des prix du gaz naturel, qui est tombé en avril sous 2 dollars le million de Btu (mesure internationale équivalant à 28 m3 de gaz), et plus récemment, par une dégringolade des prix du brut qui sont passés la semaine dernière sous le seuil de 80 dollars le baril.
« Si l’économie ne s’améliore pas, le baril pourrait plonger jusqu’à 60 dollars », souligne M. Williams.
« Nous pourrions entrer dans une nouvelle ère de prix plus accessibles mais aussi plus stables », avance de son côté Phil Flynn, de Price Futures Group, pour qui la baisse des prix favoriserait l’utilisation de voitures alternatives, fonctionnant au gaz naturel par exemple, ce qui par ricochet ferait baisser les prix du brut.
Autre bienfait de cet envol de la production de pétrole et gaz de schiste aux Etats-Unis, selon le patron du numéro un mondial du pétrole ExxonMobil, Rex Tillerson, elle rend « accessible dans un avenir visible » la sécurité énergétique américaine, même si cela dépend des « choix de politique énergétique ».
Des choix qui restent peu évidents du fait des conséquences néfastes de la fracturation hydraulique sur les cours d’eau et l’air, dénoncées par les défenseurs de l’environnement.
La recherche de l’indépendance énergétique des Etats-Unis est ainsi à l’origine de politiques incitant au développement de biocarburants à partir du maïs (éthanol) ou de soja par exemple (biodiesel).
« Avec les biocarburants, la capacité de production de combustible (des Etats-Unis) pourrait dépasser les 13 mbj, soit 65% de la consommation actuelle » du pays, d’ici 2020, estime ainsi M. Maugeri.
Source: Boursorama.com
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