Fin 2008, Michel Onfray, dont certaines réflexions valent sincèrement le détour, n’en déplaisent à certains !
Michel Onfray, donc, rédigeait ce petit texte croustillant. Aujourd’hui il n’y a pas une virgule à changer, sinon quelques noms à intervertir. Ceci expliquant alors cela…
"Il est politiquement correct de défendre le Parlement qui serait le lieu démocratique par excellence parce que celui de la représentation nationale, donc de la quintessence de la nation. On a voté, on a donc effectué de ce fait une singulière opération de l’esprit en vertu de laquelle, 49=0 et 51=100 : autrement dit la majorité, c’est à dire la moitié plus les miettes, vaut tout, et la minorité, c’est à dire la majorité moins deux, vaut rien… Singulière mathématique qui met au ban représentatif la moitié des votants dès la promulgation du résultat de l’élection !
Ensuite regardons la composition de l’hémicycle : la sur-représentation masculine est une insulte à la moitié féminine du pays ; la quasi-absence de musulmans est un affront à au moins cinq millions des tenants de cette croyance-là; l’invisibilité des couleurs, en dehors du prétexte colonial des DOM-TOM, est une erreur de casting visible à l’oeil nu et un nouveau camouflet au métissage que les thuriféraires du Parlement portent en bandoulière – théorique; l’abondance de professeurs, de fonctionnaires à gauche, de notaires, de médecins et d’avocats à droite, la probable inexistence d’un chauffeur de taxi, d’un vendeur de poissons, d’un chômeur, d’un député en chaise roulante, voilà qui trahit le décalage entre la France représentée et la France réelle.
Dans le bar d’un hôtel qui me sert de salle d’attente à mon train pour rentrer dans ma sous-préfecture, je regarde d’un oeil distrait la séance du mercredi : le Premier ministre parle, peu importe ce qu’il dit, ladroite applaudit, la gauche reste les bras croisés, François Hollande lit ostensiblement le journal. Les idées libérales de droite que la gauche défend à son tour quand elle portée aux affaires déclenchent donc le bravo ou la critique suivant la couleur de qui harangue à la tribune.
Gageons que Ségolène Royal présidente avec Bayrou en Premier ministre (rappelons aux mémoires courtes que c’était tout de même le ticket « socialiste »), aurait probablement défendu le même programme : on aurait alors vu Fillon, député de la Sarthe, lire son journal et François Hollande, député de la Corrèze, applaudir le tribun royaliste… Guignolades, pantalonnades, mascarades qui écoeurent des millions de gens.
Il est bon d’affirmer que le Sénat ne sert à rien. Encore un effort pour ajouter que le Parlement, comme il fonctionne, à savoir en machine godillot de la présidence de la République, n’est guère plus utile. La politique qui s’y fait est celle de Bruxelles; le libéralisme y triomphe, porté par les alternatives issues de Mitterrand et de Chirac. La politique se fait ailleurs, notamment dans la rue qui est la vérité du peuple. »
Michel Onfray
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