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11 nov. 2013

Un camp rom menace l'alimentation en chauffage de Paris

Le camp rom de Saint-Ouen, le 24 septembre dernier.
Chassés de leurs campements par les expulsions de l'été, 900 Roms regroupés à Saint-Ouen bloquent l'approvisionnement ferroviaire de la Compagnie de chaufferie parisienne. Des hôpitaux, des crèches et 110.000 foyers pourraient être privés de chauffage.

Plus aucun train n'approche de la centrale de chauffage de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. L'immense campement illégal de Roms qui recouvre une partie des docks depuis cet été bloque cent mètres de voie ferroviaire, compliquant l'approvisionnement en charbon de ce maillon essentiel de la distribution de chaleur de Paris.



Depuis le début du mois de juillet, au rythme des expulsions survenues en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-d'Oise, le campement rom de Saint-Ouen n'a cessé de grossir. «Ils étaient 500 en juillet, 800 début octobre, 900 maintenant, dont un tiers d'enfants», explique le cabinet du maire, qui se dit «totalement incapable de gérer la situation».

La voie ferrée qui mène à la centrale de la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) est complètement bloquée, couverte de cabanons, de caravanes et de détritus. Cette chaufferie représente pourtant, à elle seule, le quart de l'activité de la CPCU, qui alimente tous les hôpitaux publics de la capitale, une grande partie des crèches et 110.000 foyers parisiens.

«S'il y a un pic de froid à partir de la mi-décembre, la Compagnie de chauffage ne pourra pas faire face», confie au Figaro Jean Tilloy, attaché de presse de la mairie de Saint-Ouen.

La voie ferroviaire étant impraticable, des dizaines de camions se relaient quotidiennement pour acheminer jusqu'à la centrale les tonnes de charbon nécessaires à son fonctionnement. Une solution temporaire car «beaucoup trop coûteuse», selon les responsables de la chaufferie.
La maire en appelle à Manuel Valls

Vendredi, la maire Front de gauche de la ville, Jacqueline Rouillon, en a appelé à Manuel Valls. Dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur, elle dit craindre «un grave accident» et demande l'expulsion rapide du campement. La mairie propose aux villes voisines d'accueillir des groupes de Roms dans des «villages d'insertion», sur le modèle de celui qu'elle avait mis en place entre 2008 et 2012.

Joint dimanche par Le Figaro, le ministère de l'Intérieur assure «partager le constat de la mairie» mais veut souligner «le travail piloté par le préfet, avec l'aide des associations locales, pour trouver une issue positive à cette situation». Lundi, la préfecture a annoncé qu'elle organiserait une réunion sur le sujet .

Le chantier est immense. «Soyons clairs, c'est un bidonville, souligne Jean Tilloy, de la mairie. Des centaines de familles s'approvisionnent en eau via une simple bouche d'incendie. Certaines auraient même bricolé des branchements électriques de fortune, c'est très dangereux».

Propriétaire des terrains, Réseaux ferrés de France a obtenu début octobre l'évacuation du campement dans un délai de deux mois. L'État pourra donc procéder à l'expulsion du campement à partir du 12 décembre prochain. «Beaucoup trop tard», aux yeux des responsables de la chaufferie, qui estiment qu'il faudra «au moins un mois de plus» pour rendre la ligne ferroviaire à nouveau opérationnelle. La saison de chauffe, où la centrale devra tourner à plein régime, démarre le mois prochain. 

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