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10 juin 2013

Les drones : la « sale guerre » d’Obama

Un documentaire sorti vendredi aux Etats-Unis s'attaque à la campagne secrète d'«assassinats ciblés» de «terroristes» présumés ou de «radicaux» menée par l'administration Obama.

Dans ce film intitulé «Dirty wars: the World is a Battlefield» (Sales guerres: le monde est un champ de bataille, tiré d'un livre éponyme publié en septembre chez Avalon), le journaliste Jeremy Scahill condamne ces «assassinats ciblés» réalisés avec des missiles, des drones ou par des commandos au milieu de la nuit.

Selon lui, cette tactique créé un état de guerre permanent qui «dérape hors de tout contrôle». Elle «ternit l'image de l'Amérique et contribue à lui créer davantage d'ennemis», estime M. Scahill.

Le documentaire s'efforce de lever le voile du secret sur des missions menées depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis en se concentrant sur des civils victimes de ces agissements en Afghanistan et au Yémen.

Il relate notamment une bavure des forces spéciales, commise dans le village Afghan de Gardez, où cinq civils, dont deux femmes enceintes et un policier formé par les Américains, ont été tués.

Dans le documentaire, le journaliste diffuse des extraits d'une vidéo faite par une famille afghane montrant une fête où des gens dansent et rient quelques minutes avant d'être abattues.

Après le drame, les habitants du village crient leur colère et promettent de se venger: «Si les Américains font encore ça, nous serons alors prêts à les combattre», dit l'un d'eux.

Après des fuites dans les médias, les forces armées américaines avaient dans un premier temps assuré que les victimes étaient bien des insurgés avant d'admettre «une erreur tragique».

Au Yémen, le documentaire montre un chef tribal et ancien membre du parlement du pays décrire le raid en 2009 d'un missile de croisière américain Tomahawk sur le village bédouin d'al-Majalah, qui avait tué plus de 40 personnes, dont des enfants.

Le gouvernement yéménite avait revendiqué cette attaque, affirmant qu'il s'agissait d'un «camp d'entraînement d’al-Qaïda». Mais des câbles diplomatiques publiés ultérieurement par le site WikiLeaks ont confirmé que le raid était bien dû à un missile américain.

La partie la plus controversée du film porte sur l'assassinat de l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, tué par un raid de drone américain en septembre 2011.

L'administration Obama a reconnu seulement en mai dernier avoir ordonné l'élimination de cet imam.

La Maison Blanche a insisté sur le fait que cette décision avait été motivée par son «implication directe dans des complots terroristes visant les Etats-Unis», mais Jeremy Scahill estime qu'il a été ciblé uniquement pour sa rhétorique et qu'il aurait dû être jugé par un tribunal américain.

Son documentaire dépeint Aulaqi comme un leader spirituel modéré vivant en Virginie devenuextrémiste en raison du climat islamophobe aux Etats-Unis après le 11-Septembre: «Les Etats-Unis ont contribué à créer l'individu même qu'ils ont fini par tuer», commente le journaliste.

Le 23 mai, dans un discours destiné à mettre à jour la stratégie antiterroriste américaine, Barack Obama avait notamment révélé avoir signé un nouveau mémorandum précisant les circonstances dans lesquelles son pays pouvait avoir recours à des «frappes de drones à l'étranger», une annonce qui laisse sceptique l'auteur du documentaire.

En 2007, Jeremy Scahill avait écrit sur Blackwater: The Rise of the World's Most Powerful Mercenary Army (Blackwater la plus puissante armée privée du monde, Nation Books/Avalon) racontant l'émergence de cette «société de sécurité» qui a opéré en Irak et en Afghanistan, au mépris des lois internationales.

Source: Sites web, rédigé par: french.alahednews

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