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27 juin 2013

Comment élever des poules ?

Peu contraignant, rentable, ludique et écologique, l’élevage des poules est sans doute l’un des premiers pas vers le retour à la nature. Traditionnel s’il en est puisque 70 % des familles françaises avaient un poulailler avant l’exode rural, cet élevage vous apportera d’énormes satisfactions pour bien peu d’investissements en temps ou en argent.

Aubonsens se propose de donner les fondamentaux pour conduire un petit élevage familial avec succès.


Pourquoi élever des poules ?

Pour l’économie

Les oeufs

Un œuf de qualité acceptable se vend 30 centimes pièce [1]. Avec 300 œufs annuels pondus, une bonne pondeuse produit l’équivalent de 90 € pour des œufs d’une fraîcheur et d’une qualité incomparables.

La viande

Du poulet industriel « élevé hors UE » au poulet de plein air certifié agriculture biologique, le prix varie entre 3 et 12 € par kilo. L’élevage d’une volaille vous coûtera le prix des viandes les moins chères pour une qualité largement supérieure à tout ce qu’on peut acheter en magasin.


Pour l’écologie

Les déchets

En une année, chaque français produit 400 kilos de déchets qui seront apparemment taxés d’ici 2014. La partie organique peut être mangée par la poule, qui recycle entre 150 et 200 kilos de déchets par an. Un composteur vivant qui pond des œufs... à tel point que plusieurs communes françaises offrent à ses habitants des poules pour réduire la production de déchets [2].

Les conditions d’élevage des animaux de l’industrie

Des étages sur des couloirs à perte de vue dans des bâtiments accueillant des dizaines de milliers de bêtes, l’espace d’une feuille A4 (16 poules par mètre carré !), du grillage pour seul sol, aucune lumière naturelle, des antibiotiques au quotidien pour compenser les conséquences sanitaires dues à la promiscuité : c’est le quotidien des poules pondeuses françaises pendant un an (avant d’être abattues).

Entre fracture des membres et chaînes d’abattage, les poulets de chair n’échappent pas non plus aux désastres éthiques de la Grande Industrie.

Plus de 8 œufs sur 10 sont produits par des élevages d’intérieur en batteries ou en volières. Évidemment, l’intégralité des œufs utilisés par les industriels pour la fabrication des produits transformés est issue de ces élevages : ce sont les « ovoproduits » des biscuits, plats préparés, pâtisseries, pâtes...

La photo qui suit devrait suffire pour convaincre n’importe qui que l’élevage d’animaux dans ces conditions signe un gros problème de civilisation ; situation rendue possible seulement parce que le producteur est déresponsabilisé, prolétarisé et qu’il ne répond plus directement de la qualité et des conséquences du produit.

Élevage intensif de volailles en batteries à étages



La réglementation oblige d’indiquer sur la coquille de l’œuf le type d’élevage :

0 pour les œufs issus de l’agriculture biologique de poules obligatoirement élevées en plein air ; 
1 pour les œufs de poules élevées en plein air ; 
2 pour les œufs de poules élevées au sol (en volière) ; 
3 pour les œufs de poules élevées en batterie (en cage).

Les lettres indiquent le pays de production (FR pour la France, D pour l’Allemagne, BE pour la Belgique… ) et le code qui suit identifie le producteur et son lieu de production.

Pour la qualité de vie

D’abord pour la qualité des produits dont nous avons déjà parlé plus haut, qualité remarquée par n’importe quel gourmet, malheureusement habitué aux produits industriels qui feraient oublier que manger est aussi une question de plaisir et de culture.

Et puis pour l’enracinement : alors que 87 % des enfants ne savent pas ce qu’est une betterave [3], avoir des poules dans son jardin et y amener ses enfants, ses petits-enfants, ses amis permet d’observer de jolies choses naturelles, de redécouvrir les plaisirs simples et de consacrer du temps à autre chose qu’au virtuel ou au marchand...


Comment élever des poules ?

Les races

Il existe des races de poules pondeuses, des races de poules à chair (pour poulets à rôtir) et des races mixtes. Pour un élevage familial dont la rentabilité n’est pas le principal souci, le mieux est de choisir une race mixte qui vous apportera satisfaction autant pour la chair des jeunes volailles que pour les œufs des poules. Les Sussex, Gauloise (Bresse) et Gâtinaise font référence dans cette catégorie, mais il ne faut pas hésiter à demander aux éleveurs proches de chez soi afin de choisir la race la mieux adaptée à sa région.

Vous compterez une poule par membre de la famille (deux au minimum, une poule seule s’ennuierait). Si on décide d’avoir des poussins pour la viande de poulet, on prendra en plus un coq (pour six femelles minimum ; en deçà, il les épuiserait).

De gauche à droite : la Sussex, la Gauloise dorée et la Gâtinaise



L’entretien

L’alimentation

La poule n’est pas exigeante, c’est un animal rustique qui demande peu d’entretien.

Élevées en liberté (ou en semi-liberté), elles trouveront presque toute leur nourriture dans la terre environnante (graines, racines, fruits, insectes, vers, graviers, etc.) ; les restes de table et du grain en supplément (blé, orge, maïs, avoine) [4] suffiront pour compléter leurs rations.

Élevée en enclos fermé, la poule demandera un espace d’au moins 4 m², la nourriture du sol sera vite épuisée et un apport plus important en céréales, aliments complets et graviers sera nécessaire (disponibles dans n’importe quel comptoir agricole).

La nourriture sera donnée à heure régulière (de préférence le matin) avec de l’eau propre toujours à disposition.

Toutes ces taches peuvent être facilitées par des abreuvoirs et mangeoires automatiques qui ne se remplissent qu’une à deux fois par semaine.

Le poulailler

Le poulailler n’a pas besoin d’être grand : 1 m² pour 4 poules suffit. Vous devrez y aménager un perchoir solide (les poules dorment systématiquement en hauteur) et un pondoir (une petite caisse au propre remplie de paille ou de copeaux de bois fera l’affaire). Choisissez des matériaux de qualité, durables, non-putrescibles et qui se nettoient facilement afin de rentabiliser au maximum le travail et l’investissement.

Il est possible d’acheter des poulaillers mobiles, pratiques et solides, mais assez coûteux. Lorsque l’on décide de laisser couver une poule pour avoir des poussins, il faudra envisager une extension au poulailler. La poule ne manque pas de courage pour défendre ses petits et ni les autres poules ni le coq n’embêteront sa couvée, mais leur préparer un endroit au calme est préférable.


Production

Les œufs

Symbole de fertilité, la bonne pondeuse pond approximativement un œuf par jour, même sans coq, même si la ponte peut être affectée par la baisse des températures l’hiver selon les races.

Avec 250 œufs consommés chaque année par habitant, la France est l’un des plus gros consommateurs d’œufs au monde. Le Français les aime à toutes les sauces : frit ou en omelette il fait un repas rapide, dans un coquetier accompagné de mouillettes il ravit les enfants, dans les entrées et les gâteaux il est l’indispensable liant ; dur, mollet, au plat ou à la coque, l’œuf évoque souvent de tendres moments d’enfance et des traditions perdues.

C’est en plus un aliment intéressant sur le plan nutritionnel ; exagérément critiqué ces 30 dernières années pour ses conséquences sur les maladies cardiovasculaires, l’œuf contient tous les nutriments nécessaires au développement du futur poussin : de l’eau bien sûr, des protides et des lipides, des vitamines (du groupe B principalement, mais aussi A et E) et des oligoéléments (entre autres potassium, sodium, calcium, fer, magnésium). Par son apport en protéines de qualité, il est surtout une alternative très efficace à l’incroyable excès de viande en Occident.

La poulnée

La poulnée est l’ensemble des déjections des volailles (une centaine de kilos par an par bête adulte). L’éleveur averti la gardera précieusement pour la mélanger, une fois séchée, à la terre de son potager, verger ou jardin d’ornement. Pratiquée deux fois par an au début de l’automne et au milieu de l’hiver, cette opération nourrira le sol en azote, indispensable à la photosynthèse des plantes.

La viande

Couvé 21 jours sous la mère, l’œuf de poule fécondé donnera un poussin qui deviendra poulet ou poulette, prêt(e) à être abattu(e) pour la consommation 3 à 6 mois après.

Pour un engraissement efficace mais naturel, on donnera aux jeunes poulets des bouillies de farines (d’orge principalement) ou autres aliments à satiété. Loin des techniques industrielles d’engraissage en 42 jours, on veillera à laisser aux poulets de la place pour bouger et promener, leur santé s’en ressentira et la viande n’en sera que meilleure.

Pour tuer son animal, chaque éleveur a sa méthode et le sujet mériterait un article entier. Dans les grandes lignes, il faut tenir le poulet pour qu’il ne bouge pas (un cône suspendu à l’envers est une bonne technique), l’égorger puis l’ébouillanter pour faciliter le plumage, le vider et enfin le flamber.

Flambée et vidée, la viande est prête à être préparée : une viande savoureuse et délicate, d’une qualité gustative tellement incomparable aux poulets industriels qu’on douterait presque qu’il s’agit de la même espèce animale...

Mesdames, même si le poulet meurt instantanément à l’égorgement, il est préférable de laisser cette tache aux hommes pour nous éviter quelques larmes... Rappelons que tuer ses propres bêtes nous fait prendre conscience que le geste n’est pas anodin et implique forcément une consommation de viande limitée. Si chaque Français devait tuer à la main les 25 kilos annuels de poulet qu’il mange (pour ne compter que le poulet !), il ne fait pas de doute que les problèmes de consommation excessive de viande (et les désordres sanitaires en conséquences) seraient vite réglés.

Deux mots sur le végétarisme : il nous paraît plus sensé et moins bêtement puriste de proposer aux Français une alternative efficace à la souffrance animale moderne avec l’élevage familial, sans supprimer totalement les produits animaux de nos alimentations par respect amoureux pour nos cultures et nos habitudes ; nous laissons ce sujet aux végétaliens urbains et autres anti-fascistes [5]. Notons par ailleurs qu’un changement brusque de l’alimentation n’est jamais conseillé.

Une ou deux heures par semaine et quelques euros suffisent pour entretenir un petit cheptel, obtenir des produits de très grande qualité et retrouver un air de campagne même en banlieue. Lancez-vous, l’élevage des poules doit retrouver en France la place qui lui est due dans chaque jardin !



À bientôt sur www.aubonsens.fr !

Notes

[1] Prix moyen constaté en grandes surfaces pour des œufs de poules élevées en plein air.



[4] Choisissez systématiquement des céréales et aliments certifiés agriculture biologique ou provenant d’agriculteurs de votre connaissance.

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