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17 mai 2013

Sanofi condamné à 40,6 millions d’euros d’amende pour dénigrement

Des boîtes de Plavix, un anticoagulant distribué en France par le laboratoire Sanofi.
Des boîtes de Plavix, un anticoagulant distribué en
France par le laboratoire Sanofi. (JEFF HAYNES / REUTERS)
40,6 millions d’euros. C’est le montant de la lourde amende infligée, mardi 14 mai, par l’Autorité de la concurrence au laboratoire français Sanofi (ex-Sanofi-Aventis) pour « stratégie de dénigrement ». La condamnation est assortie d’une publication obligatoire faisant état de ces pratiques dans Le Quotidien du médecin et Le Quotidien du pharmacien. C’est un séisme pour le géant français du médicament, qui a déjà annoncé la suppression d’« environ 900 postes (…) à l’horizon 2015″ afin d’économiser 2 milliards d’euros, même s’il reste bénéficiaire en 2012.

La condamnation de Sanofi vise son médicament phare : Plavix. Cet « antiagrégant plaquettaire » empêche la formation de caillots dans les artères grâce à son principe actif, le clopidogrel. Prescrit aux patients qui risquent ou ont été victimes d’une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde, il est le deuxième médicament le plus vendu au monde en 2011.
« Plus de 92 millions de patients dans 115 pays » et un million en France en ont bénéficié, note l’Autorité (PDF). Le Plavix a rapporté 540 millions d’euros de chiffre d’affaires à Sanofi-Aventis rien qu’en France en 2009, selon la Sécurité sociale dans son rapport de septembre 2011 (PDF).

Pourquoi l’Autorité de la concurrence s’attaque-t-elle à ce médicament ? Un retour en arrière s’impose. En 2010, les génériqueurs contournent l’exclusivité de Sanofi-Aventis sur le principe actif du Plavix. En quelques années, la plupart des génériques obtiennent une autorisation de mise sur le marché pour du clopidogrel. Ils utilisent une molécule proche mais équivalente. Et se distinguent surtout par leur prix : une vingtaine d’euros, contre jusqu’à 37,11 euros la boîte de Plavix. Sanofi-Aventis riposte en sortant son « autogénérique », Clopidogrel Winthrop. Mais le labo met en place d’autres stratégies pour éviter de perdre des parts de marché.

Dénigrement et intimidation

Dans cette bataille, les principaux soldats sont les visiteurs et les délégués médicaux. Des documents destinés à leur formation préconisent notamment de suggérer aux médecins « de rajouter sur l’ordonnance (…) la mention ‘non substituable’ ou ‘NS’ à la suite de Plavix », pour empêcher les pharmaciens de vendre le générique. Un conseil qui fait mouche. L’assurance-maladie note, dans un rapport publié en 2012, que sur « 12 000 ordonnances délivrées sur la quasi-totalité du territoire, (…), le taux de mention non substituable (…) s’élève à 4,2% seulement sur les ordonnances analysées » mais à « 12,6% pour le clopidogrel ».

Des médecins et pharmaciens assurent aussi que les visiteurs médicaux de Sanofi-Aventis tenaient « des propos dénigrants au sujet des génériques concurrents », à la suite desquels« des pharmaciens auraient refusé de s’approvisionner en clopidogrel » générique. L’un des visiteurs aurait « indiqué que les autres génériques utilisaient un [principe actif] différent et que [les pharmaciens] engageaient leur ‘responsabilité en cas de problème, ce qui n’est pas le cas avec l’autogénérique’ ».

L’aspirine trop peu utilisée

Mais ce que les groupes pharmaceutiques évitent de crier sur tous les toits, c’est que le clopidogrel peut souvent être remplacé par de l’aspirine, qui est elle aussi un antiagrégant plaquettaire. Elle est recommandée « à faible dose » en prévention de certaines maladies, soit seule, soit en complément du clopidogrel. « Mais son efficacité est moins bien documentée » que ce dernier, explique l’assurance-maladie(PDF). Elle exige en 2012 de développer son usage, afin que « 85% des patients traités par antiagrégants plaquettaires le soient par aspirine ».

Article complet sur francetvinfo.fr

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