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31 janv. 2013

Mariage pour tous : la GPA par effraction

Ils ne se sont pas assis côte à côte, mais c'est tout comme. Seule une travée de l'Hémicycle sépare ces deux députés UMP qui se penchent l'un vers l'autre, discutent, rigolent. Une scène somme toute banale lors d'une séance parlementaire... si les deux acteurs n'étaient pas Jean-François Copé et François Fillon. L'irruption soudaine de la gestation pour autrui (GPA) dans les débats sur le "mariage pour tous", mercredi 30 janvier, après la publication d'une circulaire facilitant l'accès à la nationalité française des enfants nés à l'étranger de mères porteuses aura au moins eu le mérite de rapprocher les deux anciens rivaux à la présidence de l'UMP.


Erreur de communication ou non, la publication de ce texte issu du ministère de la justice a offert à la droite une inespérée possibilité d'un match retour contre Christiane Taubira, portée aux nues par la gauche depuis son allocution d'ouverture. Revigorés, les élus de l'opposition enflamment d'abord les questions au gouvernement. Le président de l'UMP ouvre le bal et s'engage bille en tête sur le boulevard offert. "Les masques sont en train de tomber", soutient M. Copé. "Cette circulaire a des conséquences indirectes majeures sur le droit de la famille et même le droit de la nationalité, sans passer par la loi. En plein débat sur votre projet de loi, c'est une provocation inacceptable", s'indigne-t-il.

C'est à peine si l'on perçoit le son de la voix de Mme Taubira, qui répond sous un chahut infernal entre une gauche qui l'applaudit à s'en brûler les mains et une droite qui scande "Démission ! Démission !" en faisant claquer les pupitres. La ministre persiste, ne veut pas laisser faire l'amalgame entre la loi "mariage pour tous" et la GPA, à laquelle "le gouvernement reste opposé. Nous vous le répéterons aussi souvent que nécessaire". Quant à cette circulaire, "il ne s'agit pas d'un acte judiciaire" mais d'un "acte administratif fondé sur des documents établis sur la base du droit", rappelle la garde des sceaux.

"DOPÉS À LA CIRCULAIRE"

Cela ne suffit pas. La majorité doit poursuivre son travail de déminage salle des Quatre-Colonnes auprès des journalistes, admettant du bout des lèvres un mauvais timing. "Il n'y aura jamais de GPA, tous les députés PS sont contre", insiste le porte-parole du groupe, Thierry Mandon. "Tout ça, c'est du spectacle, l'opposition crée la polémique pour cacher la vacuité abyssale de ses propositions", évacue Erwann Binet, rapporteur du texte sur le mariage gay. Mais la droite compte bien forcer le débat.

Laurent Wauquiez ne tarde pas à déposer sa motion visant à obtenir un référendum sur le mariage homo – il aurait pu le faire n'importe quand dans la soirée – et l'essentiel de ses trente minutes de discours porte sur la question des mères porteuses. Penché en avant, les deux mains posées à plat sur le pupitre de la tribune, il demande : "Croyez-vous pouvoir abuser les Français ? Les bébés-éprouvette et la location du ventre d'une mère est clairement ce vers quoi vous voulez les emmener. (…) Si la modernité c'est [cela], nous vous la laissons. (…) Les Français ne vous ont pas donné le droit de tout faire et, surtout, de tout défaire dans la société française", poursuit l'élu de Haute-Loire, qui termine sous les acclamations de la droite, dont la férocité a doublé depuis la veille. Philippe Gosselin, un des principaux orateurs de l'UMP sur le "mariage pour tous", écrit sur Twitter : "Dopés à la circulaire. La droite en a rêvé, Taubira l'a fait !"

"Cher collègue, relisez donc Talleyrand : 'Tout ce qui est excessif est insignifiant'" ; la réplique de Jean-Jacques Urvoas déclenche l'ovation de la gauche. Après la garde des sceaux, le président de la commission des lois est le second acteur préféré du public socialiste dans ces débats. Il rappelle : "Une fois pour toutes, cette majorité ne veut pas de la GPA et il n'y aura pas de GPA !" En clôturant la discussion générale, vers 2 h 30, Mme Taubira conclura : "Des heures de débat sur un non-sujet, sur une dizaine de cas litigieux, je reconnais que c'est une prouesse."

Ce n'est semble-t-il pas encore aujourd'hui que l'opposition aura réussi à déstabiliser les socialistes, qui quittent la séance de l'après-midi en chantonnant "Et un, et deux, et trois zé-ro" en référence aux trois motions de l'opposition rejetées. Pas sûr qu'ils chanteront encore en comptant les quelque 5 000 amendements de l'opposition qui commenceront à être examinés vendredi matin.

Source : Le Monde. 

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