L'émancipé: Syrie : Les groupes armés « adoubés

Le Conseil national syrien s’est donc doté d’un nouveau président, Abdel Basset Sayda, un Kurde « exilé de longue date en Suède » comme le précise l’AFP. Il succède à un autre exilé de (très) longue date, Burhan Ghalioun, démissionnaire en mai pour cause de critiques trop bruyante et fréquentes quant à sa gestion du CNS, de l’ASL et de l’opposition radicale (non exilée).

Naturellement, l’impétrant, surtout connu pour être « largement inconnu« , a voulu délivrer, à l’occasion de sa prise de fonction, un message d’espoir à ses troupes « islamo-libérales » et à ses protecteurs turcs, qataris, séoudiens, américains et européens : « Nous entrons dans une phase sensible. Le régime touche à sa fin« . Abdel Basset Sayda disposerait-il d’éléments nouveaux, connus de lui seul et de ses amis, qui lui permettent cette prédiction? En fait, le nouveau cache-sexe « modéré » des Frères musulmans croit voir dans l’intensification des « massacres » et des « pilonnages » un signe évident que le dit régime « se débat« .

Non, il se bat. Depuis 16 mois à présent, et l’on ne voit pas que sa position, militaire et diplomatique, se soit affaiblie par rapport à l’année dernière. Il y a même, depuis trois-quatre mois, des signes du contraire. En revanche, le CNS n’a pas réussi, en dépit de l’aide « désintéressée » et constante de ses parrains euro-américains, à s’imposer à l’ensemble de l’opposition radicale – ne parlons pas du peuple syrien de Syrie. Cette coalition d’islamistes et de « démocrates euro-compatibles » demeure une force marginale et exilée, agitée de tensions, et parfois frappée de scissions, qui n’arrive même pas à se faire respecter et donc obéir des groupes armés, salafistes bien sûr, mais aussi théoriquement ASL, dont nombre d’affilés reprochent au CNS un manque de soutien financier. Et au Syrien de la rue, qu’il soit pro ou anti-Bachar, chrétien ou musulman, alaouite ou sunnite, arabe ou kurde, il apparait comme un quarteron de politiciens inconnus ou oubliés, d’exilés perpétuels et surtout de marionnettes d’intérêts non syriens.

Mais M. Sayda est dans le voeu pieux et la communication. Avant lui, Burhan Ghalioun voyait fréquemment les signes évidents de l’imminence de la chute de Bachar al-Assad.

Un des problèmes du CNS c’est justement le relâchement de ses liens avec l’ASL, en principe un temps sa branche militaire. Sayda a déclaré que sous sa présidence le CNS allait « renforcer ses liens » avec l’ASL, promettant de la soutenir « par tous nos moyens« .

Shimon Peres barbu d’honneur !

Tout de même le CNS nouveau vient, ce dimanche,, et les groupes armés avec lui, de recevoir un soutien de poids. Celui du président israélien Shimon Peres : « J’éprouve le plus profond respect pour les rebelles qui s’exposent à des tirs à balles réelles, et j’espère qu’ils vaincront ».

Ce soutien du président du pays où l’on a pas hésité à tirer « à balles réelles » sur des enfants (arabes), et dont le respect de la cause des peuples arabes est notoire, du pays dont la politique a toujours été d’encourager les forces de division, d’affaiblissement ou de destruction de la nation arabe, de l’Irak à la Libye en passant par le Liban, du pays qui occupe le Golan et est toujours théoriquement en guerre avec la Syrie, oui ce soutien vaut nouveau brevet d’infamie à l’opposition syrienne, qui aura vraiment laissé traîner son drapeau dans les caniveaux diplomatiques les plus douteux, de la Maison Blanche au palais de l’émir du Qatar. Il se confirme que les bandes de barbus lobotomisés qui chaque jour tirent à « balles réelles » sur les soldats et civils de Syrie, non content d’être des alliés objectifs d’Israël et des États-Unis, en sont à présent les champions « de coeur ». La réalité dépasse parfois toutes les fictions conspirationnistes !

Source : InfoSyrie