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15 juin 2012

Qatar : la face cachée de la Coupe du Monde 2022

En plein Euro de foot, l’association Human Rights Watch vient juste de publier un rapport de 150 pages sur les conditions de travail des ouvriers pour l’essentiel immigrés qui oeuvrent à la construction du paradis artificiel et footballistique qui doit accueillir la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Si les investissements financiers sont estimés à 160 milliards de dollars, impossible d’évaluer le coût humain de ce projet pharaonique dont le riche émirat pétrolier se soucie fort peu. 

Une Coupe du Monde achetée par les pétrodollars et le lobbying bienvenu mais pas gratuit de stars comme Zidane ou Guardiola, des stades démontables, construits au milieu de nulle part climatisés à l’énergie solaire, un événement mondial organisé dans un pays grand comme le département de la Girondedont la passion pour le foot fluctue au gré des coups de coeur du Cheikh Al Thani et des placements du fonds souverain qatari. Selon le rapport de Construction News qui regroupe les analyses d’un spécialiste allemand de la finance, l’organisation du plus grand évènement sportif de la planète devrait coûter 160 milliards d’euros environ à l’émirat qatari : 124 milliards d’euros pour les stades et 36 milliards pour les infrastructures de transport. A elle seule, la climatisation dans les stades (pour régler ce fameux problème de chaleur) devrait couter 35 milliards d’euros. Enfin, une ville entière nommée Lusail sera créée. Elle surplombera le stade qui accueillera le match d’ouverture et la finale. Montant de la facture: 32 milliards d’euros.

Des milliards que ne verront pas à coup sûr les ouvriers migrants qui n’auront pas plus l’occasion d’assister au début d’un match de foot mais qui s’affairent déjà à la construction laborieuse de ce paradis footballistique artificiel sous des températures caniculaires et dans des conditions de travail déplorables. Au-delà du coût financier du joli jouet que s’offre l’Emirat, l’association Human Rights Watch s’est intéressée au coût humain de ce projet pharaonique.

Le Qtar présente une situation démographique unique au monde. Les travailleurs migrants représentent 94% de la population du pays. Le ratio le plus élevé au monde. Et le pays, peuplé de 1,6 millions d’habitants entend encore recruter jusqu’à un million de travailleurs migrants au cours de la prochaine décennie afin de construire les fameux stades et infrastructures nécessaires à l’accueil de cette Coupe du Monde.

Une « clause de non-concurrence » pour des ouvriers exploités
Dans un rapport de 146 pages, l’association examine les systèmes de recrutement et d’emploi, véritable source d’exploitation de ces ouvriers venus pour la plupart d’Asie du Sud-Est. Pas question de faire trimer un qatari.

Confiscation des passeports, contrôle abusif des travailleurs, restriction au droit du travail (difficile de quitter son emploi), sans compter les obstacles à la communication des plaintes auprès des services gouvernementaux, salaires impayés, retenues salariales illégales, campements de travail insalubres et surpeuplés.Human Rights Watch a constaté que le Qatar, érigé dans nos contrées en bienfaiteur médiatico-footballistique, possède l’un des codes du travail les plus restrictifs : impossible de changer d’emploi sans l’autorisation de son employeur -une clause de non-concurrence pour les ouvriers exploités, il fallait y penser-. Même chose pour quitter le pays, le travailleur doit obtenir un « permis » de son employeur. La nuance avec la notion de travail forcé n’est pas très grande.
Dans la région, seule l’Arabie Saoudite a mis en place ce « permis de sortie ».

Le système de recrutement est pour le moins original : les postulants doivent payer des frais de recrutements, dont les montants varient selon l’enquête de HRW de 726 à 3651 dollars, le tout payé sur emprunt à des taux d’intérêts qui peuvent aller jusqu’à 100% par an !
Travailleur venu du Bangladesh Mahmoud qui a emprunté 3298 dollars explique que s’il ne parvient pas à rembourser, « la banque sortira ma famille de la maison ». Ainsi la plupart des ouvriers hypothèquent leur maison dans leur pays d’origine pour trouver un emploi au Qatar.

Si l’Organisation Internationale du travail autorise la libre association, les lois du Qatar interdisent de se syndiquer. « La proposition récente du gouvernement d’une Union des travailleurs ne parvient pas à satisfaire aux exigences minimales de la libre association dans la mesure où tous les postes de prises de décisions sont réservés aux citoyens qataris » constate Human Rights Watch.


Kin Cheung/AP/SIPA
Suite et source: Marianne2.fr

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