Blogger Tips and TricksLatest Tips And TricksBlogger Tricks

28 juin 2012

Le pouvoir d'achat va baisser fortement en 2012

La pente va être rude. La photographie de l'économie française développée mardi 26 juin par l'Insee est très sombre. Au point mort lors des deux premiers trimestres de 2012, l'économie française ne redémarrerait que très mollement au second semestre (+ 0,1 % au troisième trimestre et + 0,2 % au quatrième trimestre). A partir de ce diagnostic, l'Insee estime que le produit intérieur brut (PIB) ne progressera que de 0,4 % cette année.

Si cette prévision se réalise, la France éviterait certes la récession, au contraire de l'Espagne et de l'Italie, mais, même si elle résiste, elle abordera 2013 quasiment sans élan. A la fin de l'année, l'acquis de croissance sera de 0,2 %, ce qui rend déjà presque caduque la prévision d'une hausse du PIB de 1,7 % en 2013, hypothèse sur laquelle était bâti le programme économique de François Hollandedurant la campagne.

LE CHÔMAGE VA CONTINUER À AUGMENTER

"La France souffrira de la contraction de la demande intérieure de ses partenaires de la zone euro, ce qui handicape les exportations, et son propre effort de consolidation des finances publiques", a commenté, mardi, Eric Dubois, directeur des études et des synthèses économiques de l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Cette faiblesse de l'activité aggravera le chômage, qui va continuer à augmenterd'ici la fin de l'année. L'économie française détruirait 25 000 emplois dans le secteur marchand non agricole. Cet affaiblissement est pourtant jugé par l'Insee"modéré au regard de la faiblesse de la croissance".

Beaucoup moins modéré serait le recul du pouvoir d'achat des Français. On s'achemine même vers la plus forte baisse depuis vingt-huit ans. Même s'il est prévu que les salaires progressent faiblement en 2012 – du fait d'un ajustement retardé sur la forte inflation de 2011 et du coup de pouce au smic –, le pouvoird'achat du revenu disponible brut reculerait de 0,6 %, en moyenne, cette année. Mesurée par unité de consommation, la chute serait de 1,2 %.

Si cette prévision se vérifie, ce sera du jamais-vu depuis 1984, première année après le tournant de la rigueur pris par le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy. A l'époque, le pouvoir d'achat par unité de consommation avait chuté de 1,9 %.

Le reflux annoncé de l'inflation cette année – la hausse des prix reviendrait à 1,4 %, en décembre, principalement du fait de la baisse des prix de l'énergie – et le maintien des prestations sociales à des niveaux dynamiques (+ 3,2 %, comme en 2011), avec, en particulier, la décision de revaloriser fortement l'allocation de rentrée scolaire, ne permettent pas d'enrayer cette dégringolade annoncée dupouvoir d'achat des Français.

C'est évidemment problématique pour le gouvernement qui, durant la campagne, avait dénoncé les échecs de Nicolas Sarkozy en la matière.

LA CONSOMMATION PROGRESSERAIT DE 0,2 % EN 2012

L'érosion annoncée du pouvoir d'achat tient au ralentissement des revenus d'activité et, surtout, à l'impact des prélèvements obligatoires. M. Dubois chiffre à 13,7 milliards d'euros la ponction subie par les ménages du fait des hausses d'impôts du gouvernement Fillon et de celles qu'a annoncées le gouvernement Ayrault pour cette année. Il s'agit, dans ce dernier cas, du relèvement du barème de l'ISF et des droits de succession, de la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires et de la hausse des cotisations vieillesse.

La chute du pouvoir d'achat des ménages ne se traduirait pas par un effondrement équivalent de leurs dépenses de consommation. Sur l'ensemble de l'année, la consommation progresserait de 0,2 %, comme en 2011. L'Insee fait le pari que les Français vont amortir la baisse de leur pouvoir d'achat en puisant dans leurs économies.

Le taux d'épargne des ménages, qui a grimpé jusqu'à 16,2 % à la fin de l'année 2011 en raison de la montée du chômage et des incertitudes quant à la situation économique, a commencé à se replier au premier trimestre de cette année, et le mouvement devrait se poursuivre au second semestre, avec un taux d'épargne qui tomberait à 15,6 % à la fin de 2012.

M. Dubois justifie ce pari d'une baisse du taux d'épargne, plutôt que d'une baisse radicale des dépenses de consommation, en expliquant "qu'un euro de revenu en moins n'est pas égal à 1 euro de consommation en moins". Surtout si les prélèvements nouveaux frappent des revenus dévolus à l'épargne, comme la taxation des plus-values immobilières.

A Bercy, on ne se précipite pas pour commenter officiellement ce nouvel indicateur à la baisse, et on prend son temps pour construire un argumentaire d'ensemble. Toutefois, sous couvert d'anonymat, les responsables s'expriment.

"La conjoncture est catastrophique. Tous les indicateurs sont dans le rouge: croissance, emploi, pouvoir d'achat, déficits, sans compter les plans sociaux, qui ont été retardés et que les entreprises vont pouvoir ressortir, estime un membre d'un cabinet. Le pays est dans une situation vraiment difficile, il y a un réglage économique très délicat."

"C'EST DUR, CE QUI SE PRÉSENTE"

Les calculs de l'Insee présentent l'avantage de "légitimer notre mesure sur l'allocation rentrée scolaire et le coup de pouce modéré au smic", poursuit ce collaborateur d'un ministre, et aussi de cadrer avec l'argumentation que le gouvernement s'apprête à présenter pour défendre une politique de rigueur."Chaque indicateur est un peu plus dégradé que ce qu'on attendait et qui avait été assumé. Il y a un bilan caché qui est en train de remonter", explique cette source.

Le tableau, encore un peu plus noir que prévu, ne modifie pas fondamentalement le contexte pour François Hollande et son équipe. "C'est dur, ce qui se présente,concède-t-on à l'Elysée, mais nous n'avons pas promis des lendemains qui chantent, du miel et du vin qui coulent dans les fontaines. S'il faut augmenter les impôts ou faire des coupes, il faut que ce soit juste."

Le bilan économique et social de M. Sarkozy, déjà utilisé comme argument de vente numéro un du candidat Hollande, semble appelé à resservir, alors que le gouvernement s'apprête désormais à défendre, face à la droite, des mesures moins populaires. "Ils auront envie d'être agressifs sur nos projets économiques, mais ceux-ci seront totalement bâtis sur le constat de leur échec, avance un ministre important. La situation est le fruit de leur échec, et tout ce que nous ferons ne sera que la réparation de celui-ci." 

Anne Eveno et David Revault d'Allonnes
source : LeMonde.fr

Aucun commentaire: