Il y a quelques jours encore, c’était Noël pour tous le monde, surtout pour les banques…
Le calme avant la tempête ?
“L’Italie a placé mercredi pour 9 milliards d’euros d’obligations à six mois à un taux moyen de 3,25%, alors qu’il était de 6,5% il y a un mois. Jeudi, la demande était plus faible pour les obligations à dix ans (2,5 milliards d’euros achetés), mais le taux était aussi en baisse, à 6,98%, par rapport aux 7,56% qu’ils avaient atteint le 29 novembre. Des obligations à deux ans (2,5 milliards d’euros achetés également) ont atteint le taux de 5,62%, contre 7,89% le 29 novembre. Juste avant Noël, l’Espagne a elle aussi réussi à placer des titres à un taux beaucoup plus favorable pour ses finances publiques. Même s’ils sont plus mitigés ce jeudi que la veille, les signaux sont à la détente.
Simple effet de la “trêve des confiseurs”? Je préfère la lecture de mon confrère François Pilet, dont je reproduis ci-après le commentaire paru dans Le Matin Dimanche de la semaine dernière, juste après le geste de la Banque centrale européenne en faveur des banques.
Les zombies ont gagné la partie
C’est à coup sûr le plus fantastique cadeau de Noël de l’Histoire. Un chèque de 489 milliards d’euros, avancé pour trois ans au taux imbattable de 1%. Pas étonnant qu’à ce tarif 523 banques se soient précipitées sous le sapin de la Banque centrale européenne cette semaine. Et pour ceux qui auraient manqué le coche, une deuxième journée coffres ouverts est agendée en février.
C’est ainsi que s’achèvera, pour un temps, la crise de la dette en Europe. La très rigoureuse institution de Francfort n’aura pas à soutenir directement le budget des Etats aux finances défaillantes. Ce sont les banques qui s’en chargeront, avec les euros fraîchement imprimés par la BCE. L’honneur d’Angela Merkel est sauvé à bon compte.
Les banques ne diront pas merci pour cette occasion d’emprunter à 1% et d’investir dans des obligations italiennes ou espagnoles à 4 ou 5%. Ce rendement est attrayant, mais pas non plus folichon mesuré à l’aune de Wall Street. Elles commenceront donc par utiliser ces montagnes de cash pour prendre encore plus de risques sur les marchés, et, surtout, pour assainir à bon compte les ardoises qui plombent leurs bilans. Pour les banques allemandes, italiennes et autrichiennes, c’est l’occasion rêvée de remettre sous le tapis les gigantesques portefeuilles de crédits accumulés en Hongrie ou en Pologne qui menacent de tourner de l’œil.
Masquer l’insolvabilité des banques en les perfusant de liquidités artificielles: c’est ce qu’avait fait le Japon pour sortir de la crise des années 90. Résultat: des banques zombies avaient continué d’errer sur l’Archipel pendant près d’une décennie, finançant des entreprises transformées à leur tour en mortes-vivantes par le sortilège de l’argent gratuit. «Je vois des gens morts», susurrait un enfant à un Bruce Willis pétrifié dans une scène culte du film «Sixième sens». On pourrait ajouter: «Ils empruntent de l’argent à la BCE. » Joyeux Noël, et rendez-vous dans trois ans.”
Jean-claude Peclet, le 30 décembre 2011
Source: olivierdemeulenaere
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