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9 janv. 2012

Argentine, la pauvreté des Indiens..

C’est un apartheid-kaléidoscope qui surprend en Argentine. Certes, pas d’écriteaux sur lesquels on pourrait lire : »interdit aux chiens et aux Indiens », pas de places séparées dans les bus, c’est un apartheid plus subtil, qui se répand de façon naturelle, c’est la discrimination et l’exclusion des Indiens qui créent une séparation d’office. 

Comme un kaléidoscope en observant les prismes de très près on aperçoit des nuances particulières au coeur de la société argentine; un interlocuteur me rétorquait que dans ce pays il y a quatre classes.

Il y a d’abord, les Européens et leurs descendances d’origine allemande, française, suisse, anglo-saxonne et des pays de l’Est au sommet de la pyramide, puis la deuxième catégorie, les Européens d’origine latine tels Espagnols et Italiens, ensuite viennent les Indiens et l’ultime catégorie, les restants de la colère de Dieu; les Boliviens, les Paraguyens, soit, tous les misérables qui viennent en Argentine, Eldorado de l’Amérique latine.

A l’intérieur des trois premières catégories, la répartition politique se résume, toujours selon mon interlocuteur d’origine arabe et arménienne à , péronistes pour les colorés, radicaux pour les Blancs et conservateurs pour les ultra-blancs. Voilà pour le kaléidoscope.

En Argentine comme au Mexique ce ne sont pas des ombres chinoises qui se projettent sur la société entière, mais des ombres indiennes qui envahissent les moindres recoins de cette civilisation sud-américaine. Une culture indienne effacée mais qui résiste à tous les niveaux, langues, cultures, traditions.

Des ombres qui ressurgissent et qui teintent l’inconscient collectif de cette tentative d’effacement et comme pour les morts, leur absence envahit tout l’espace, l’Indien a laissé partout ses traces, il a envahi l’espace et la civilisation érigée sur sa propre civilisation d’une façon subtile.

Moi, j’observe ces visages impassibles qui ne se laissent pas décrypter, rien, pas une expression, pas un seul regard à accrocher et susceptible d’être interprété. Une forme de résistance silencieuse qui signifie: » on ne donne plus rien à l’ennemi ».

Je les vois plonger, ces Indiens, le nez dans la poubelle à fouiller les détritus pour extraire tout ce qui peut être bon à récupérer et à trier pour le recyclage. Ou alors, à Carilo, au bord de l’Atlantique, ces femmes indiennes assises sur ces bancs, une trentaine qui chaque matin attendent qu’un employeur vienne les chercher pour une heure ou deux de travail, ou pour la journée, ou pour la semaine, payées entre 10 et 15 pesos de l’heure.

Ce sont des journalières, elle reviennent tous les jours s’asseoir sur ces bancs et attendre qu’on les choisisse. Un marché aux esclaves moderne, c’est la galère du travail journalier qui ne permet pas de projeter quoi que ce soit pour l’avenir.

Et avant-hier en marchant, j’observe ce jeune couple d’Indiens, la tête plongée dans les poubelles, leurs deux petits enfants assis par terre sur le trottoir en train de jouer avec des cartons, le couple est jeune.

Je leur dis qu’ils représentent une « jolie famille », malgré la misère, dans ce tableau, on sent la force de vie, la puissance de survie qui créera un futur malgré l’exclusion et ces deux petits assis au milieu du trottoir.

Et depuis l’invasion espagnole, je reste surprise des efforts de l’église catholique pour convertir-soumettre ces « bons petits sauvages indiens » pour leur apprendre à courber encore davantage l’échine et accepter avec béatitude leur sort et qui prient le Dieu des blancs avec ferveur en espérant qu’Il sera aussi généreux avec eux, la tête plongée dans le bénitier, ils implorent la Vierge Marie d’être leur mère à tous.

Au chant d’Ave Maria, ils défilent, mendiants fiers et orgueilleux, cette armée de gueux qui attend que le Dieu des Blancs daigne leur jeter un regard miséricordieux.

Le jour où on leur enlèvera l’opium du peuple et on leur sortira la tête des fumées d’encens aveuglantes, le jour où eux aussi voudront l’égalité, la fraternité et la justice pour tous, on verra des révolutions qui ne seront pas celles arabes du printemps mais celles d’un été rouge flamboyant, d’un rouge-sang, une révolution aux couleurs de la colère et de l’injustice trop longtemps contenues.

Oui, les Indiens d’Amérique latine sont une vraie bombe à retardement et le cours de l’Histoire nous rappelle qu’on finit toujours par payer des années d’injustice et d’exclusion.

Que souhaiter pour 2012 ? Qu’à l’heure des satellites, des fusées, des portables, de la technologie de pointe, de nos civilisations si férues de justice et d’équité, que l’on cesse de voir des femmes, hommes, enfants devoir fouiller des poubelles pour survivre.

Que pour 2012, on se rende compte que nous évoluons tous dans la même eau, si certains pourrissent au fond de l’aquarium, notre environnement de vie tout entier s’en ressentira.

Nous sommes condamnés à être solidaires, c’est une nécessité de survie pour tous. Donc continuons à lutter de toutes nos forces contre la misère et l’exclusion.



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