Chez les francs-maçons de la région, on reconnaît que l'affaire fait grand bruit dans les « salles humides » (où se tiennent les agapes). Surtout depuis que les juges lillois ont failli être dessaisis du dossier. La demande de dépaysement avait été justifiée par le procureur lillois en raison de l'implication d'un avocat et de policiers. Aucune allusion à la francDans les loges lilloises, on n'est pas dupes : « Quand des policiers demandent à devenir francs-maçons, on ne peut pas s'empêcher de se demander s'ils sont là vraiment par curiosité ou pour le boulot ! Longtemps, ils sont venus pour faire des fiches sur qui était là et rendre compte de l'état d'esprit des loges. » La police - « les renseignements généraux en tête » - est l'un des corps de métier où la franc-maçonnerie est « toujours particulièrement infiltrée ». Un ancien commissaire à la PJ de Lille confie : « J'ai déjà reçu des coups de fil de frères inquiets du sort d'un frère en garde à vue... » Face à l'affaire du Carlton, Luc Guilbert, délégué régional du Grand Orient de France (GODF), soupire : « Des parasites jettent le discrédit sur 3 000 frères et soeurs dans la région. À chaque fois qu'il y a un maçon compromis, il ne faut pas en conclure que toute la maçonnerie l'est. » Un responsable lillois précise : « On a déjà fait le ménage, par exemple face à une secte, mais on n'est ni l'Inquisition ni la police ! » Certains aimeraient aussi anéantir les fraternelles (« où on vous dit que ça a toujours été comme ça : soit vous faites partie du système, soit vous ne ferez jamais de business »), mais ils savent que ce combat peut coûter cher quand on veut monter dans la hiérarchie maçonnique...
« Arrière-pensées »
« La franc-maçonnerie est le reflet de la société, avec les mêmes déviances », affirme un ancien conseiller de l'ordre du GODF. « Il y a les spécialistes, qui déjeunent où il faut être. Pour eux, la franc-maçonnerie est une récréation. » Moins un laboratoire d'idées qu'un noeud de réseaux. Mais pour Daniel Morfouace, du conseil de l'ordre : « Si les francs-maçons sont volages, c'est sur le plan des idées ! À Lille, ils ont oeuvré sur le front social : scolarisation des jeunes, cantines pour les pauvres, université populaire, mouvements mutualistes. Aujourd'hui, ils réfléchissent sur la bioéthique. » Entre hommes même si depuis un an, des loges s'ouvrent à la mixité.
Source: La Voix du Nord
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