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10 déc. 2011

Le made in France peut-il sauver la France?

Pour lancer sa campagne pour 2012, François Bayrou a choisi comme thème le "made in France". "On est en train de crever, il faut inverser le mouvement et redonner envie d'acheter français, c'est une démarche civique…", a lancé le président du MoDem.

Le made in France, un slogan en vogue chez les politiques

Acheter local ? Une proposition pas si anecdotique. Alors que la crise de la dette secoue l'Europe, les différents partis proposent de plus en plus de mesures protectionnistes. A ce petit jeu, c'est à celui qui apparaîtra comme le plus en pointe...





Jugez-en plutôt :

Rue89 rappelle que Marine Le Pen et le député Yves Jego (radical) ont tous deux revendiqué la paternité d'un "label made in France". Le député est d'ailleurs à l'origine d'un rapport remis en mai 2010 sur ce sujet, qui a donné lieu au label "Origine France". Il ne se prive pas de le faire remarquer sur son compte Twitter :



Le tweet d'Yves Jégo

Christian Estrosi, député-maire de Nice, affirme aussi être "le seul à prôner le fabriqué en France". Il a déposé un texte en ce sens à l'Assemblée nationale, le 16 novembre.
Là encore, l'ancien ministre utilise son compte Twitter pour faire sa com'. Ici, il répond à Yves Jégo... qui lui répond, etc.



L'échange de tweets entre Christian Estrosi et Yves Jégo
Mais au fait, qu'est-ce que c'est que le made in France ? Explications.

Acheter français, vague de fond ou effet de mode ?

"En 2008, on prenait encore ça pour une démarche protectionniste. Maintenant, on se pose de plus en plus la question", explique au Post Hervé Gibet, fondateur deLa fabrique hexagonale, un site Web référençant tous les produits made in France.

Sur le site, environ 2.500 entreprises sont référencées. Comment ? "C'est assez compliqué, je me base avant tout sur une relation de confiance, mais je me renseigne aussi : les internautes et les concurrents me contactent pour m'avertir si certains chefs d'entreprise ont délocalisé", précise Hervé Gibet. Le trafic du site a augmenté progressivement et atteint actuellement les 75.000 visites par mois.

Une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) à paraître le 12 décembre montre justement que les consommateurs français sont les plus demandeurs de produits fabriqués localement, devant l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Italie, le Japon ou l'Angleterre.

"Les raisons d'une telle demande sont avant tout d'ordre environnemental et social, c'est-à-dire l'idée de préserver des emplois locaux. Le côté 'qualité' des produits est aussi important", explique au Post Pascale Hébel, directrice du département consommation du Crédoc.

Le secteur pour lequel le lieu de fabrique est le plus important est clairement celui de l'agro-alimentaire. Tous les produits de luxe (Hermès, par exemple) sont eux aussi touchés par cette mode, d'autant que le fabriqué en France, même s'il est souvent plus cher, est souvent synonyme d'une meilleure qualité.

Pascale Hébel met pourtant en garde sur deux points :

- D'abord, la mode du made in France ne semble pas faite pour durer. "Les acheteurs sont plutôt âgés. Les jeunes sont clairement dans la mondialisation", explique-t-elle. Au bout de quelques années, la demande risque donc de diminuer.

Autre point intéressant : les consommateurs intéressés par les produits fabriqués en France sont de la classe moyenne supérieure, mais pas les plus riches qui n'y apportent pas spécialement d'importance.

- De plus, "il est de plus en plus difficile de définir quel produit est fabriqué en France et à quel degré", note Pascale Hébel.

Comment les politiques veulent développer le "achetez français"

Deux propositions sont formulées depuis quelques mois.

- La première, mise en avant dernièrement par François Bayrou, propose un nouveau label "fabriqué en France".

Robert Rochefort, vice-président du MoDem et ancien président du Crédoc, a expliqué mercredi sur RTL la marche à suivre : "Il faudrait que les industriels qui fabriquent en France puissent dire '60% ou 80% de ce produit est Français'. Et même si ça coûte parfois plus cher, bien souvent c'est parce que le produit est de meilleure qualité".

- Une autre proposition fait écho au fait de produire à nouveau en France, de "relocaliser" : celle d'une taxe aux frontières européennes. Prônée d'abord par Arnaud Montebourg lors de la campagne de la primaire PS, l'idée a fait depuis son chemin.

Même l'UMP a plaidé, le 6 décembre, pour la mise en place d'une "taxe de réciprocité" aux frontières de l'Europe sur les produits importés. Celle-ci serait plus ou moins élevée en fonction du respect des normes environnementales et sociales des pays exportateurs.

Des mesures qui ne font pas l'unanimité

Alors, le made in France, nouvel eldorado économique ? Pas si sûr. Ces deux propositions, si elles peuvent être alléchantes, ne sont pas si simples à mettre en place.
C'est ce que deux économistes expliquent au Post :

Le label "fabriqué en France"

- "Un tel label ne fera pas revenir les entreprises de textiles qui ont délocalisé. Mais cela pourrait combler un manque d'information pour le consommateur français, mais surtout étranger, qui, quand il vient en France, veut acheter des produits locaux", note Julia Cagé, économiste à l'École d'Économie de Paris et en thèse à l'université américaine de Harvard.

- "Avec la mondialisation, il est difficile de mettre un drapeau sur des produits. Il faudrait vérifier, mais cela a un coût. Et pour quel intérêt ? Le consommateur veut consommer bien et bon marché. Un tel label reviendrait à baser une politique de consommation sur la simple bonne volonté des Français", affirme Matthieu Crozet, économiste et conseiller scientifique au CEPII (Centre d'étude prospectives et d'informations internationales).

La taxe aux frontières européenne

- "Une telle taxe rentre dans une logique de rééquilibrage du monde. Cela fait sens de remettre des barrières au niveau de l'Europe. Mais pour entrainer une relocalisation, pour le textile par exemple, il faudrait qu'elle soit très importante, peut-être même trop et handicapante pour la consommation des Français", analyse Julia Cagé.

- "Cela implique une taxe à la consommation. Ce n'est pas la Chine qui va payer, mais les Français. Ça entraînera un coût pour le pouvoir d'achat et le bien-être des Français. Le droit de douane implique une subvention négative, alors qu'il nous faudrait une subvention positive à destination des producteurs français. C'est une solution détournée", tranche Matthieu Crozet.

Source : lepost.fr

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