Blogger Tips and TricksLatest Tips And TricksBlogger Tricks

15 déc. 2011

GOLDMAN SACHS : LA PIEUVRE PAR NEUF

C’est la dernière mascotte en vogue chez les manifestants d’Occupy Wall Street : portées en couvre-chef, dessinées sur des bannières, brandies en effigie, des pieuvres agitent sinistrement leurs tentacules au cœur de la finance internationale et jusque sous les fenêtres de Goldman Sachs. Non, il ne s’agit pas d’une invocation des mannes de Paul le poulpe pour que ses prophéties d’outre-tombe nous aident à affronter la crise. Cet engouement pour les octopodes trouve sa source dans un article « Rolling Stone » paru en juillet 2009 et plus précisément, dans cette phrase : « Goldman Sachs est partout. La plus puissante banque d’investissement du monde est une grande pieuvre-vampire collée au visage de l’humanité, qui plonge sans relâche ses pompes à sang dans tout ce qui a l’odeur de l’argent. » (*)



Derrière les vitres du siège de Godman Sachs, on observe avec attention les manifestants qui battent le pavé sous les fenêtres de la banque.
Photo Reuters/Andrew Burton

Cette métaphore introduit l’article de l’écrivain et journaliste politique, Matt Taibbi, « The Great American Bubble Machine » (La grande machine à bulles américaine). Dans ce papier dévastateur, l’auteur passe au crible les huit décennies qui se sont écoulées depuis la crise de 1929. Quatre-vingt années qui se confondent avec l’histoire de… Goldman Sachs. Matt Taibbi se livre à une dissection in vivo de la pieuvre. Il montre comment ses anciens dirigeants se retrouvent aux postes clés du pouvoir économique et politique aux Etats-Unis et dans le monde, les protections dont bénéficie cette banque « trop grosse pour faire faillite », et, surtout, il décortique la stratégie de Goldman Sachs pour que l’argent aille toujours dans un seul sens, le sien :

« Ils font cela en utilisant un protocole toujours identique. Goldman Sachs se place au milieu d’une bulle spéculative et vend des investissements en sachant qu’ils sont pourris. Ils aspirent alors de vastes sommes des classes moyennes et basses de la société, avec l’aide d’un État impuissant et corrompu qui les autorise à réécrire les règles du jeu en échange de quelques bakchichs jetés en aumône aux politiciens. À la fin, quand la bulle éclate, laissant des millions de citoyens sur le carreau, ils recommencent tout le processus… » écrit-il. Ce tableau infernal brossé par Matt Taibbi, repris et traduit sur des centaines de sites Internet, s’est imprimé dans la conscience politique des militants d’Occupy à Wall Street et ailleurs, avec cette métaphore si parlante : « Goldman Sachs, la pieuvre vampire ».
UN ANIMAL AU LOURD PASSÉ.

Ces derniers mois, la banque d’investissement est de nouveau en première ligne : Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs Europe de 2002 à 2005, a succédé à Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne en juin dernier. En novembre, Mario Monti a pris la suite de Berlusconi à la tête d’un gouvernement italien « technique ». Il cumule la fonction de ministre de l’Economie. Cet économiste distingué, « très respecté dans les milieux financiers », était , par ailleurs, conseiller international de Goldman Sachs.

Or, la banque américaine est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes au début des années 2000. Mario Draghi a d’ailleurs été auditionné avant sa nomination à la tête de la BCE. Il a dû donner toutes les assurances qu’il n’avait rien à voir avec l’accord conclut entre la Grèce et Goldman Sachs en 2001 qui aurait permis de mettre en place le montage financier complexe destiné à masquer la dette abyssale du pays. Guère surprenant que l’image du poulpe suceur de sang refasse surface quand d’anciens dirigeants d’une banque soupçonnée de manœuvres frauduleuses ayant contribué à la crise actuelle se retrouvent aujourd’hui dans la position des bons docteurs appelés à la rescousse…

Mais l’image, pour efficace qu’elle soit, n’est pas sans reproche. Lors de la parution de son article, Matt Taibbi a été accusé d’avoir puisé dans le bestiaire à sa disposition un animal au lourd passé. La pieuvre est un symbole antisémite utilisé jadis dans d'innombrables caricatures pour représenter le lobby juif ou franc-maçon. « L'argent dette », ce documentaire canadien sous forme de film d’animation qui a connu un immense succès sur le web en démontant les rouages de la crise monétaire a lui aussi été soupçonné de propagande antisémite plus ou moins subliminale pour avoir utilisé la même bestiole.

Mais peut-être qu’avec un calamar...

L'intégralité de l'article « The Great American Bubble Machine » a été publiée en français ici :http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/goldman-sachs-la-grande-machine-a-59168

(*) En VO : «…Goldman Sachs is that it's everywhere. The world's most powerful investment bank is a great vampire squid wrapped around the face of humanity, relentlessly jamming its blood funnel into anything that smells like money ».
Source: Paris Match

Aucun commentaire: