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13 déc. 2011

Ces réseaux qui ont tricoté « l'affaire du Carlton »

Selon une blague franc-maçonne, « la seule façon d'obtenir un rendez-vous rapide chez l'ophtalmo, c'est d'être... franc-maçon ! » Mais en ce moment, les loges n'ont plus le sens de l'humour lorsqu'on évoque la chaîne des réseaux, cercles et autres confréries reliant les « frères » impliqués dans l'affaire du Carlton, qui aurait permis aux enquêteurs de remonter de « Dodo la Saumure » à DSK.
« Les franc-maçons, je n'ai jamais bien compris en quoi ça consistait mais Dodo en parlait très souvent et ça le faisait rire parce qu'il savait à quoi ça servait », confie une intime de Dominique Alderweireld, alias « Dodo la Saumure », proxénète français poursuivi en Belgique. Pour comprendre le lien entre ce patron de bars à hôtesses et les loges de ce côté-ci de la frontière, en passant par les chambres du Carlton et de l'hôtel des Tours, il faut démêler l'écheveau de virils réseaux d'influence à Lille, elle-même ville-carrefour... « Quatre de nos frères seraient impliqués. Ils ont été suspendus », a confirmé Guy Arcizet, grand maître du Grand Orient de France (La Voix du 25/11). Grand Orient de France ou Grande Loge de France : en fait presque tous les protagonistes sont des francs-maçons.


Responsables du Carlton, avocat, policiers entendus par la police des polices fréquentent les loges lilloises de la rue Thiers ou Wazemmes - traditionnellement très influentes à Lille. Le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde visite les ateliers de la métropole lilloise, que Fabrice Pazskowski préfère à ceux de Lens ou Béthune où il a pourtant sa société paramédicale et son club de soutien à DSK. L'entrepreneur du BTP d'Annay-sous-Lens, David Roquet, a opté pour la « fraternité » du bassin minier... Il était un habitué du restaurant lensois La Vylla dont la patronne, Virginie Dufour, ex-compagne de Paszkowski, est la seule femme mise en cause dans l'affaire (elle aurait financé des escapades coquines à Washington), laissée libre sous contrôle judiciaire. « Tous les gars du bâtiment s'y retrouvaient », se souvient un... ancien policier lillois franc-maçon qui s'y attablait avec René Kojfer (le VRP du Carlton) et ses autres « frères ». Bienvenue à la fraternelle du bâtiment, association où on se retrouve entre francs-maçons de même profession. Où on passe de la fraternité au copinage, s'informant sur la santé économique d'un concurrent. Du copinage à l'affairisme, signant quelques contrats.

Pierre angulaire des réseaux, Kojfer a un inépuisable carnet d'adresses : pilier de bistrot face à la chambre de commerce de Lille, il est l'ami de toujours de « Dodo la Saumure » et ses « employées » promptes à traverser la frontière. Plus que les valeurs maçonniques qui ont contribué à la philosophie des Lumières, un certain goût pour le libertinage réunit ces amis du Nord.

Avec la franc-maçonnerie, les réseaux libertins ont en commun une tradition d'opacité héritée de la lutte au XVIIIe siècle contre l'oppression religieuse et cartésienne. Mais la discrète suite du Carlton avec jacuzzi, les garçonnières lilloises et les adresses de « Dodo » n'abritent plus que les infidélités. Paszkowski - surnommé « Nounours » par ses copines et fier d'avoir été « initié par DSK » -, Lagarde - « oiseau de nuit », décrivent pudiquement ses collègues - et Roquet étaient des fidèles des clubs échangistes de la région et de la frontière belge. D'autres adresses accueillantes mais plus informelles. Du salon VIP d'un bar de Wazemmes où passent parfois des people. Côtoyer DSK leur a permis d'associer parties fines et voyages (Bruxelles, Paris, Washington).

DSK ? Pour les enquêteurs, la boucle des réseaux nordistes est bouclée lorsque, stupéfaits, ils entendent Kojfer, après l'arrestation de l'ex-présidentiable à New York, songer à monnayer les témoignages contre lui de prostituées de « Dodo »... Des prostituées comme des maillons soudant la chaîne : Béa, compagne de « Dodo » et M., cliente de Me Riglaire, rencontrant DSK à Paris. Ou « Jade », hôtesse du Club Madame, atterrissant dans le bureau du FMI. Lille-carrefour... Et si on a le sentiment d'y être intouchable, c'est en vertu de l'effet domino (« Je tombe, ils tombent ») : les cercles d'influence se croisent et se reforment pour le meilleur et pour le pire, au gré des traditions, affinités, intérêts. Toutes les occasions sont bonnes : beaujolais nouveau ou, plus typique, bière de mars... Une confrérie lilloise aux airs de bottin mondain cultive les actions caritatives autant que l'art de sceller les amitiés - on y entre parrainé. Jean-Claude Menault (l'ex-patron de la police du Nord mis à la retraite d'office après une virée à Washington avec DSK et des « secrétaires » d'Eiffage) est un membre d'honneur. On y croise aussi des personnalités du monde de la nuit, du monde politique, économique, judiciaire... Tous ne sont évidemment pas impliqués. Mais « certains ont fermé les yeux, considérant comme des rumeurs ce qu'ils savaient vrai », assure un membre. Secret d'appartenance, des rites : pour les non-initiés, les portes de ces microcosmes restent plus que jamais aussi closes que les maisons de « Dodo de la Saumure ».
QUAND ROGER DUPRÉ FIT TOMBER LES « NOTABLES » L'entrepreneur Roger Dupré, dit « Roger la Banane », est mis en examen en 1999 dans une affaire d'escroquerie bancaire, sur fond d'opérations immobilières troubles : l'enquête met au jour un réseau de relations où on trouve un magistrat, un haut fonctionnaire de la mairie de Lille, un inspecteur des impôts, l'ancien et l'actuel patrons du SRPJ de Lille. Seuls ce dernier et Roger Dupré ne sont pas francs-maçons. « Il y a des policiers intègres qui veulent faire passer à table les truands ; il y en a d'autres qui passent à table avec les truands », dénonce un procureur, Alain Lallement, qui sera muté.
Source: La Voix du Nord

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