Jean-François Copé - WITT/SIPA |
C'est quand il s'adonne à l'erreur, au maquillage idéologique et historique que le président tricheur de l'UMP déploie tout son cynisme politique.
Certains remarqueront que, d'une semaine à l'autre, d'une chronique à l'autre, je m'acharne sur Jean-François Copé. J'en conviens aisément : je m'acharne en effet sur le président (tricheur) de l'UMP.
Il faut convenir que chaque jour, chaque semaine, Copé, chef d'un des deux grands partis politiques de notre république, s'enfonce un peu plus et s'acharne de son côté à manier la provocation comme d'une masse d'arme.
A t-il envie, vraiment envie, qu'on le déteste? Un sentiment qui ne devrait pourtant pas exister en politique. On peut au moins sourire quand il fayotte avec Nicolas Sarkozy ou hausser les épaules quand il bourre les urnes et couine son innocence, tel un enfant tout barbouillé, niant avoir vidé le pot de confitures.
Là où les choses deviennent plus ennuyeuses, c'est quand il s'adonne à l'erreur, au maquillage idéologique et historique. Ce fut une fois encore le cas la semaine dernière après la mort de Clément Méric, le jeune militant anti-fachiste. Copé a délibérement confondu, avec un cynisme détestable, la victime et le bourreau.
Le ministre de l'interieur, Manuel Valls, ayant évoqué l'éventuelle dissolution de certains groupes d'extrême droite, Jean-Francois Copé l'a aussitôt corrigé : dissolution, d'accord, mais à la condition que celle-ci frappe autant l'extrême gauche que l'extrême droite.
Allez hop! Tous dans le même sac du joueur de bonneteau, tous ennemis de la démocratie, tous tenants de la violence physique en politique, jusqu'à la mort parfois. Je le dis sans détour: la sortie de Copé est misérable. Oui, misérable. Une démonstration de révisionnisme idéologico-historique. Bref, dans mon esprit, le pire du pire en politique.
Puisqu'il est devenu désormais nécessaire de le préciser (ce qui, au passage, apporte la preuve supplémentaire de la dérive du curseur politique vers la droite de la droite), je n'ai jamais éprouvé la moindre sympathie pour l'extrême gauche.
Pour faire vite, car ce n'est ici ni le propos ni le sujet, j'estime le gauchisme infantile, une manière de petits bourgeois jouant entre quatre murs à l'ouvriérisme et à la révolution. Mais est-ce que cela autorise le mensonge, le travestissement, la confusion, les comparaisons aussi déplacées?
Les groupuscules d'extrême droite auxquels Copé fait allusion ne dissimulent pas volonté d'en finir avec la démocratie; ils expriment ouvertement racisme et antisémitisme, ne sachant plus très bien, confits qu'ils sont dans leur haine, s'ils exècrent davantage les juifs que les arabes, les arabes que les juifs; ils se livrent couramment a des ratonnades contre les immigrés et les homosexuels; ils nient la Shoah; ils vomissent la révolution de 1789; et je pourrais poursuivre l'inventaire de leur petite boutique des horreurs. Tout cela Copé le sait et pour des raisons de basse politique il a choisi de l'ignorer. Honte sur lui.
Car quel rapport entre ces factions brunes de l'extrême droite avec les groupuscules gauchistes? Quoi de commun? Existe-t-il la moindre passerelle théorique , la plus infime accointance philosophique, des points de contact, une vision commune sur tel ou tel aspect du débat public?
Rien. Alors pourquoi Jean-Francois Copé s'abaisse-t-il à une aussi stupide comparaison? Parce que sa vision de la politique est strictement cynique, que le mot valeur lui est définitivement étranger.
Il a en effet décidé qu'il n'articulerait plus jamais un mot contre l'extrême droite sans aussitôt mettre l'extrême gauche dans le même sac. C'est absurde et Copé en est d'ailleurs persuadé. Oui, mais tous les mensonges sont utiles, croit-il, s'ils permettent de récuperer un jour les voix de l'ultradroite.
Peut-être aux municipales et peut-être même à la future présidentielle, si d'aventure, son icône politique ne se représentait pas. Beurk. Petite cuisine électorale. Et tant pis si le fumet qui s'échappe de ce brouet argumentaire, est aussi peu ragoûtant.
S'en prendre à l'extrême droite, oui, et comment faire autrement quand il y a mort d' homme, quand on est dans la confusion, le déni et le mensonge, quand on laisse entendre que les engagements de la victime sont à mettre sur le même plan que les engouements de l'agresseur? Et l'on me reprocherait une obsession anti-Copé? Il est des obsessions salubres.
source : marianne.net
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