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19 mai 2013

GEAB N°75 est disponible ! Crise systémique 2013 : sous les records des bourses l’imminente plongée en récession de la planète


Exportations chinoises vers différents pays. Rouge : contraction sur un an, vert : expansion. Source : Bloomberg

Malgré une sensation de calme relatif relayée à la fois par les médias et par des marchés financiers américains et japonais volant de records en records, l’économie mondiale ralentit sérieusement et une récession généralisée se profile. Les différents acteurs en ont pleinement conscience et, face aux enjeux d’une rechute imminente, les pays ou régions mettent en place diverses stratégies pour tenter d’en minimiser les conséquences. Quand certaines semblent dictées par le désespoir ou les solutions de la dernière chance, d’autres au contraire témoignent d’une réelle adaptation aux transformations actuelles du monde. Et sans surprise, dans la première catégorie nous retrouverons les « puissances du monde d’avant » qui n’ont plus de réelles options.

Récession mondiale en vue

Plusieurs signaux montrent en effet qu’un retournement de conjoncture est imminent. À vrai dire le terme « retournement » n’est pas très adapté puisque l’économie réelle ne s’est jamais vraiment remise du choc de 2008 : c’est donc plutôt à une aggravation que nous allons assister.

Les indices pour cela ne manquent pas. L’Europe est déjà en récession. Les exportations de la Chine, souvent considérée comme « l’atelier du monde », sont en forte baisse (figure ci-dessous) et ses indicateurs se contractent ou ralentissent dangereusement (1) avec en outre une importante bulle du crédit (2).

Exportations chinoises vers différents pays. Rouge : contraction sur un an, vert : expansion. Source : Bloomberg

L’Australie, bon indicateur de la santé de l’économie mondiale par son exposition aux matières premières, s’essouffle (3). Les consommateurs eux aussi marquent le pas. Les ventes en gros (4) ou en détail aux États-Unis sont en baisse.



Ventes au détail aux États-Unis. Orange : ventes d’habits, gris : marchandise générale. Source : Bloomberg
La plupart des indicateurs américains virent au rouge, comme par exemple l’indice Chicago PMI (5), de même que l’indicateur mondial de Goldman Sachs (figure ci-dessous).

En deux mots, une récession mondiale est en vue (6). Pour se prémunir de son impact, les différents acteurs, à commencer par les banques, usent de différentes stratégies que nous allons analyser.

Le douteux commerce des banques

Il va sans dire que le milieu financier n’est guère un modèle de transparence. Mais entre JPMorgan ou Bank of America qui ont « miraculeusement » réussi à n’avoir aucun jour de perte dans leur activité de trading au premier trimestre (7), ou encore les réserves d’or de JPMorgan qui se sont mystérieusement vidées (8) alors que par une drôle de coïncidence on a assisté à un krach sur le cours de l’or mi-avril, sans compter les diverses manipulations auxquelles se prêtent les banques au premier rang desquelles encore JPMorgan (9) et bien d’autres (10), ces opérations louches passent de moins en moins inaperçues.



Indicateur de l’économie mondiale de Goldman Sachs – Global Leading Indicator (GLI), croissance et accélération. Source : Goldman Sachs

Néanmoins, toutes les banques savent qu’une nouvelle tempête se profile et usent des moyens à leur disposition (plus ou moins légaux) pour se mettre à l’abri, et tous les coups sont permis, y compris entre les établissements eux-mêmes. C’est à cette aune qu’il faut lire les bilans mirifiques des différentes banques au premier trimestre permettant d’attirer les investisseurs ou tout au moins de repousser la débâcle, ou le minikrach du cours de l’or mi-avril vraisemblablement causé par un ou plusieurs de ces établissements financiers.

Ces âpres batailles en pleine tourmente économique laisseront des traces et les banques les plus faibles ou les plus touchées ne sortiront pas indemnes de la tempête. D’autant que les centres financiers font maintenant face à un nouvel adversaire, les États.

La stratégie en or des émergents

Quand certains pays doivent protéger leur économie pour survivre, aller chercher des recettes fiscales dans les paradis fiscaux, et en même temps laisser paradoxalement leurs banques utiliser des méthodes peu orthodoxes pour éviter la faillite, d’autres ont choisi de miser sur l’or. Alors que l’or-papier a connu un krach effrayant mi-avril, la demande pour l’or physique n’a jamais été aussi grande, ce qui confirme le découplage complet entre le marché de l’or papier et celui de l’or physique. Qu’arrive-t-il lorsque tout le monde s’aperçoit que les papiers de possession d’or n’ont aucune contrepartie physique ? Lorsque le contrat de propriété d’un lingot ne peut être honoré ? Le papier en question n’a plus de valeur. Il faut donc s’attendre à d’autres mouvements violents sur le cours de l’or papier. C’est pourquoi certains courtiers n’autorisent plus aucun levier pour les positions sur l’or papier (11). Ce découplage montre également que de gros problèmes sont à venir car la confiance est maintenant ébranlée.

Néanmoins, l’or physique a pour sa part de beaux jours devant lui. La Chine l’a bien compris et achète de l’or en masse (12).


Importations d’or par la Chine via Hong-Kong, 2012 et 2013 (en tonnes). Source : HK census and statistics department

Cette forte demande n’est pas anodine : elle révèle d’une part la stratégie de sortie du dollar de la Chine, d’autre part la volonté du pays de se protéger d’un choc à venir, et enfin l’anticipation que la possession d’or doit accompagner l’internationalisation du yuan. En effet, la possession d’or permet de crédibiliser le yuan au plan international, sans parler de l’hypothèse où l’or ferait partie intégrante d’un nouveau système monétaire international.



Car c’est la stratégie des BRICS : construire petit à petit un système mondial où ils seraient plus représentés, notamment en se passant du dollar et en utilisant leurs propres monnaies pour le commerce. Et par étapes, ce mouvement qui peut paraître lent mais qui en réalité est extrêmement rapide à l’échelle des changements à réaliser, permet de déplacer le centre de gravité mondial, et les émergents deviennent de plus en plus incontournables dans la marche du monde. C’est l’essence même de la « crise systémique globale » décrite et anticipée étape après étape par le GEAB depuis 7 ans.

Évidemment, ce mouvement n’est possible qu’avec son corollaire : la perte d’influence de l’occident et en particulier des États-Unis.


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Notes:



(1) « Le secteur non-manufacturier se contracte en avril » (source PeopleDaily, 04/05/2013), « baisse de l’IDA du secteur manufacturier en avril » (source PeopleDaily, 02/05/2013), etc.

(2) Sources : Epoch Times (01/05/2013), CNBC (26/04/2013).

(3) Source : Atlantico, 10/05/2013.

(4) Source : CNBC, 09/05/2013.

(5) Source : ISM-Chicago, 30/04/2013.

(6) Pour d’autres signaux allant dans ce sens, lire par exemple ZeroHedge (08/05/2013).

(7) Source : ZeroHedge, 08/05/2013.

(8) Source : ZeroHedge, 08/05/2013.

(9) La banque est poursuivie par l’État de Californie (source : New York Times, 09/05/2013) et bientôt par la FERC (source : Financial Times, 08/05/2013) qui a dans son collimateur le département de matières premières dirigé par Blythe Masters. À en croire CNBC(03/05/2013), cette affaire ressemble à un petit règlement de compte entre amis…

(10) Par exemple la Deutsche Bank (source : Bloomberg, 28/03/2013), RBS (source : Telegraph, 03/04/2013), etc.

(11) Source : ZeroHedge, 02/05/2013.

(12) Source : Caixin (10/05/2013) et PeopleDaily (03/05/2013).

Source: leap2020.eu

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