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3 mars 2015

En Afrique aussi: Un préjudice porté à l’Islam du nom de Boko Haram

Ce que nous savons de Daech nous fournit une idée correcte du "Groupe Sunnite pour la Prédication et le Jihâd" connu sous le nom de Boko Haram. Les deux désignations diffèrent certes, mais les deux organisations ont les mêmes fondements doctrinaux et font recours à la violence sous ses formes les plus brutales en tant que méthode pour répandre la terreur et le chaos.
L'application de la Sharia et l'instauration de l'Etat du Califat sont des idées communes à ces deux groupes et aux autres organisations semblables. Avec toute l'ambiguïté qui entoure ces deux concepts : L'application de la Sharia par ces organisations ne présente pas le minimum de respect dû aux conditions et modalités de son application légales. Quant à l'histoire des califats, particulièrement riche de discordes, de guerres et de massacres commis par ces califats les uns contre les autres, ne peut pas servir de référence unique pour y fonder ce concept.


Se dissimuler derrière l'Islam pour servir les plans hégémoniques

Cette ambiguïté qui va de pair avec l'absence de programmes véritablement politiques justifie, en concordance avec les faits réels, les thèses pour lesquelles ces organisations se dissimulent derrière l'Islam et agissent -du moins au niveau de leurs dirigeants- conformément aux directives de Washington et ses alliés, et avec leur soutien, pour généraliser le chaos et les luttes intérieures entre des populations qui ont les mêmes intérêts. Une telle stratégie est une condition nécessaire pour la bonne marche des projets hégémoniques. 


En ce qui concerne Boko Haram, elle est fondée en 2002 à Maiduguri au nord de Nigéria par Muhammad Yussuf. Entre 2002 et 2009, le groupe commet plusieurs attentats et massacres et de nombreux affrontements l'opposent aux forces de l'ordre nigériennes. Cependant, ces dernières ne paraissaient pas prendre au sérieux la dangerosité de cette organisation. Muhammad Yussuf est arrêté à plusieurs reprises pour être relâché par la suite avant d'être tué, en 2009, dans des conditions obscures par la police nigérienne. Sa mort pose des points d'interrogation supplémentaires au sujet de la genèse de Boko Haramet de ses véritables objectifs.


Jusqu'en 2009, Boko Haram est resté une organisation fermée comprenant quelques centaines d'activistes qui appelaient particulièrement à l'interdiction de l'éducation occidentale considérée comme un péché.
Boko Haram élargit le champ de ses activités

En 2009, Sanni Umaru se présente comme le successeur de Muhammad Yussuf et appelle au Jihad. Cet appel est suivi d'une insurrection générale qui a duré plus d'un an dans toutes les régions du nord Nigérien. Les défaites encaissées par le groupe obligent des milliers de ses membres à s'enfuir vers le Niger, Tchad et le Cameroun où ils poursuivent leurs activités violentes avant de retourner au bout de deux mois et avec force au Nigéria. Ils n'abandonnent pourtant pas leurs activités dans les pays où ils avaient trouvé refuge. 


C'est alors qu'apparait Abu Bakr al-Shakawi connu sous le nom d'Abu Bakr Shekau qui prend la direction de l'organisation et apporte son soutien à la fois à Abu Bakr al-Baghdadi, Ayman al-Zawahiri et mollah Omar chefs des Talibans. Plusieurs mois plus tard, il expose sa doctrine s'inscrivant dans la ligne d'Ibn Taymiyya et Muhammad Ibn Abd al-Wahhab.


Le nombre des combattants de Boko Haram va selon les estimations de 8000à 60 000 comprenant des centaines de femmes prêtes aux opérations-suicides. Quant au financement du groupe, il provient des taxes imposées sur les populations locales, de certains trafics, de la libération d'otages contre rançon, mais surtout de donateurs "particuliers"des pays du Golfe. Pourtant le haut niveau d'armement et d'équipement de l'organisation suppose l'existence de sources de financement beaucoup plus grandes.


Les opérations militaires que mène l'organisation et qui font des milliers de morts consistent en des attaques visant des casernes, des prisons (en vue de libérer des prisonniers), des écoles et des églises. Il est à noter que 90 % des victimes de Boko Haram sont, selon la qualification donnée par l'organisation, des Musulmans "tièdes". Le fait que les activités de l'organisation se concentrent dans les régions habitées, dans les pays riverains du Lac de Tchad, par des majorités musulmanes explique la forte proportion de victimes appartenant à cette confession.
En 2014, Boko Haram a considérablement élargi le champ de ses activités pour couvrir le nord du Cameroun et le sud-ouest du Tchad. Elle a aussi participé à des opérations contre les forces françaises au Mali. Après la première attaque menée dans l'est du Tchad, près des frontières soudanaises, on craint sérieusement le fait de voir la région déjà bouleversée du Darfour devenir un terrain propice à attirer les groupes islamistes extrémistes. 


Dans les conditions de l'échec des gouvernements de la région quant à en finir avec, ou limiter l'étendue des activités de, Boko Haram, le président nigérien, Goodluck Jonathan a trouvé étrange l'absence de toute action contre cette organisation de la part de Washington à l'instar de ce qu'elle fait dans le cadre de la Coalition internationale contre "Daech".


L'absence de toute action internationale à ce propos a poussé les gouvernements nigérien, camerounais, tchadien et du Niger à constituer une "Force régionale commune" de 8500 hommes en vue de combattre Boko Haram. Des offensives aériennes et terrestres sont promises à cette fin à partir de la fin du mois de mars prochain. 


Mais on ne s'attend pas à ce qu'une telle force puisse affaiblir Boko Haram et stopper le processus de subversionqui secoue l'Afrique centrale et occidentale et qui ne fait que préparer le terrain à davantage de pillages des richesses de la région par le camp des forces hégémoniques occidentales.

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